« Une annonce faite par quelqu’un qui n’a pas envie de dire à quelqu’un qui n’a pas envie d’entendre », résume Irène Kahn-Bensaude, pédiatre et présidente du Conseil de l’ordre départemental des médecins de Paris – Quotidien du Médecin du 30 juin 2011
Je ne partage pas cette définition…
J’aimerais mieux :
Une annonce faite par quelqu’un dont c’est le métier de le faire, à quelqu’un qui n’a pas envie d’entendre.
Annoncer fait partie du métier de médecin. L’envie de dire du médecin n’est pas le sujet. Le sujet est le savoir- dire, et le savoir –accompagner.
C’est une partie de la prise en charge des patients, pas forcément la plus souriante, mais la plus essentielle. La maladie et la mort même faisant partie de la santé, si l’on n’a pas envie de dire à quelqu’un qu’il est malade, il vaudrait mieux aller planter ses choux.
Etre en empathie, ne consiste pas à se laisser aller à l’émotion, mais à laisser la place aux émotions de ses patients.
Les médecins peuvent et doivent apprendre à utiliser des techniques de communication adaptées à la situation de l’annonce. Cela facilite le moment de l’annonce de maladie grave. Ce savoir s’apprend assez facilement. Je ne crois pas au compagnonnage pour ça, comme proposé par le conseil de l’ordre. Il s’agit de techniques de communication. Trop souvent nous oublions que notre métier est de la communication dans une large majorité de situations.
Certains diront, bien sur: « mais cela fait 20 ans que je le fais avec ma (mauvaise) manière, j’en souffre à chaque fois, mais je ne vois pas pourquoi je changerais »…
A titre de patient gravement victime d’une annonce torpillage, je sais de quoi je parle. Ne pas avoir envie de dire n’autorise pas un médecin à asséner des diagnostics et à laisser les gens se débrouiller avec.
A titre de médecin formé à l’annonce, je témoigne de la différence dans ma pratique. après apprentissage de techniques de communication. Mes patients aussi, puisque certains me remercient de la manière dont je les ai accompagnés dans ce passage vers la maladie.
A titre de médecin formateur à l’annonce, je témoigne de ma surprise à la découverte de la souffrance générée chez les médecins qui ont à annoncer des diagnostics graves. J’ai été interpellée par cette souffrance. Le moment de l’annonce est alors oblitéré par la souffrance du médecin. Apprendre à annoncer, c’est aussi la maitrise de ses propres émotions, afin de laisser toute la place à la douleur et aux émotions de celui qui apprend son entrée en maladie
il est bon que les médecins sachent que l’apprentissage de compétences de communication leur permet d’apporter une aide et un accompagnement moral de meilleure qualite, mais que cela leur apporte énormément à eux aussi.
Notes déja écrites sur le thème de l’annonce http://www.cris-et-chuchotements.net/article-22635897.html
et http://www.cris-et-chuchotements.net/article-37025199.html et http://www.cris-et-chuchotements.net/article-la-bouchere-a-le-cancer-53486761.html
Empathie bien ordonnée commence par soi même.
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Bien dit
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Savoir et annoncer avec les bons mots, pas toujours facile…
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souvent c’est rétrospectivement que l’on a l’impression de ne pas avoir dit les bons mots, hélas. Comme disait je ne sais plus qui: ce serait plus simple si l’on pouvait faire les choses 2 fois !
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Très beau post, merci.
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sensible a votre remarque, merci aussi
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