Le lavage des mains, je ne m’en lave pas les mains…

Pourquoi se laver les mains est plus compliqué que l’on pense

Ce post fait suite à Une autoroute à 10 doigts pour les germes : les mains des soignants…

Puisqu’il est prouvé que le lavage de mains réduit considérablement la transmission des germes en milieu hospitalier,  il ne devrait pas y avoir de faille dans cette pratique qui semble basique. Pourtant, les manquements à cette règle préventive de base sont fréquents. Parce que le danger est invisible, mais aussi parce que ce n’est pas si simple, et que cela prend du temps.  En effet, pour être efficace et limiter la propagation des virus, le lavage des mains doit être réalisé dans de bonnes conditions. C’est-à-dire

  1. aux bons moments, soit avant et après chaque contact avec un patient. Un calcul de base simple met en lumière un problème : La théorie indique un lavage de mains de 3 minutes avant contact et après contact avec chaque patient, soit pour un médecin moyen rencontrant une vingtaine de patients dans la journée, 6×20= 120 minutes de lavage de mains par jour. C’est juste irréalisable en pratique

2. de manière satisfaisante, c’est-à-dire en frottant toutes les parties des mains, entre les doigts, dans les plis de la paume et sous les ongles. Son principe est le suivant :toutes les surfaces et recoins des mains doivent être frottés plusieurs fois et de façon insistante.  Cette technique, quand elle est réalisée fidèlement parvient à une efficacité proche de 100 %. Alors que, spontanément, sans technique particulière, la désinfection des mains est presque toujours inférieure à 50 %.
Le lavage de mains est donc un truc simple en théorie, mais difficile en pratique si l’on veut un résultat optimal. Notamment parce que cela prend du temps. De quelle manière les soignants peuvent-ils se laver les mains efficacement ?

Lavage des mains avec de l’eau

Avec de l’eau, différentes méthodes sont proposées. Faut-il choisir une méthode en trois temps comme   préconisé par  le  CDC américain ou bien  en 6 temps comme dit la Word Health Organisation ? (a pragmatic randomize controlled trial of 6-ste^vs 3-ste^jand hygiene technique in acute hospital care in the United kingdom http://www.nytimes.com/video/science/100000004343168/wash-your-hands-no-like-this.html

Il a donc fallu réfléchir longuement pour parvenir à mettre au point une méthode à la fois efficace et quand même pratique. http://www.atlantico.fr/decryptage/decouvrez-nouvelle-methode-scientifique-pour-se-laver-mains-avec-efficacite-maximale-stephane-gayet-2673539.html#uPQS94Q0Pkz7y4GP.99

L’OMS a édité des consignes de lavage des mains sur une durée de procédure de 40-60 secondes.  l’INPES, propose  un lavage de 7 étapes en 15 secondes : http://www.inpes.sante.fr/70000/dp/13/dp131206.pdf

  1. LAVAGE : 7 étapes – Paume contre paume ; – Paume contre dos de la main ; – Doigts entrelacés ; – Paume contre doigts ; – Pouces ; – Ongles ; – Poignets.
  2. RINÇAGE 10 secondes
  3. SECHAGE Idéalement avec une serviette en papier à usage unique

Les erreurs les plus fréquentes relevées lors du lavage de mains : Les deux erreurs  les plus courantes

  • oublier de se laver les ongles
  • se laver les mains vers le bas.

« Pour un lavage efficace,  penser que la caméra d’Urgences ou de Grey’s Anatomy est braquée sur vous : lever les mains et non les baisser, à la fois sous l’eau du robinet et sous le sèche-mains (ou, mieux, un essuie-main): ainsi, les germes restants s’écoulent vers les avant-bras et non vers le bout des doigts ».

Alternative au lavage des mains avec de l’eau : la Friction avec Solution hydro-alcoolique (SHA)

Il s’agit du lavage des mains par friction avec les solutions hydro-alcooliques (SHA)

Les SHA sont des produits bactéricides sans effet nettoyant, qui ont l’avantage de s’utiliser par simple friction.   La simple friction est au moins autant efficace voire largement plus  que les techniques de lavage simple des mains au savon doux et de lavage antiseptique.

Une condition impérative : que les mains ne soient pas souillées.

Durée  de ce lavage : entre 30 et 45 secondes.

Pour 20 patients par jour, c’est donc 30 à 40 minutes seulement consacrées au lavage de mains.

Ce lavage s’est généralisé et même imposé dans le milieu de la santé depuis 10 ans en raison de sa facilité et de son efficacité. Pas besoin d’un point d’eau, pas de mouillage, prise d’une dose de produit, réalisation des six ou sept étapes de friction en 20 à 30 secondes et ni rinçage, ni essuyage.

Ce mode de lavage simple a clairement participé à la diminution des infections acquises en milieu hospitalier. Par ailleurs, ce produit est bien meilleur pour les mains des soignants que  les savons désinfectants qui étaient irritants et générateurs d’eczéma de contact.

La friction chirurgicale des mains peut désormais se réaliser entièrement avec du SHA, sur un temps plus prolongé que le simple lavage

Comment convaincre les professionnels de santé de se laver les mains ?

Des malades transformés en vigiles ?

En mettant l’affaire entre les mains des patients.. une forme d’empowerment patient, on obtient 100 % des professionnels de santé à l’hôpital respectueux des consignes sur l’hygiène des mains. C’est le pari réussi par le Women’s College Hospital, un centre hospitalier universitaire situé dans le centre-ville de Toronto (Canada), spécialisé en gynécologie obstétrique et en soins ambulatoires. Avec quelle méthode ? En faisant surveiller les professionnels de santé par les patients ! On demandait aux patients de réaliser une sorte d’audit des soignants, puis de compléter un questionnaire de surveillance d’hygiène des mains. Les résultats de cette étude ont été publiés dans « American Journal of Infection Control ». April 2014 Volume 42, Issue 4, Pages 439–442  http://dx.doi.org/10.1016/j.ajic.2013.12.003

Des puces dans tout l’hôpital et sur les soignants ? 

Moins personnalisé que la surveillance par les patients, mais certainement tout aussi efficace en matière de flicage, IBM a créé une puce de  radio-identification capable de surveiller le comportement des hospitaliers http://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/4541-Une-puce-pour-surveiller-le-lavage-des-mains-des-hospitaliers

L’installation du dispositif est très simple. Pour tester l’efficacité du produit, IBM a équipé les deux étages d’un hôpital de l’Ohio avec un réseau de 100 capteurs LMT, dans les couloirs, les portes, et dans les stations de lavage des mains. Tous les médecins et infirmiers ont été ensuite équipés d’une puce RFID, permettant au réseau de LMT de suivre leurs mouvements dans l’hôpital. Résultat, si un hospitalier entre dans la chambre d’un patient, sans au préalable se laver les mains, la faute du professionnel sera directement transmise au serveur central.
Les puces révèlent que seule la moitié des professionnels de santé se lave correctement les mains
A la fin de la journée, ce même serveur central effectue un « rapport de conformité. » Ce service produit aussi ce document de façon hebdomadaire. Il indique en fait le niveau moyen de respect des consignes d’hygiène pour chaque professionnel de santé en fonction de son poste. D’après les premiers résultats récoltés, le taux de conformité actuel est faible (50 %). Ce chiffre rappelle d’ailleurs un autre chiffre français dévoilé récemment : selon une enquête  en marge des états généraux des infections nosocomiales, 21 % des infirmiers ne se laveraient pas les mains avant la pose d’un cathéter. Pour toutes ces raisons, IBM indique donc que ce procédé pourrait sauver des milliers de vies et des milliards de dollars.

Cette invention pourrait peut-être intéresser certains hôpitaux français, parfois pointés du doigt pour leur taux élevé d’infections nosocomiales. Avec 4000 décès par an, elles tuent autant que les accidents de la route en France.

Le lavage des mains, pas encore un réflexe pour les Français

Si, en 2010, 29% des Français citaient spontanément le lavage des mains comme moyen de prévention des infections respiratoires de l’hiver, ils ne sont plus que 20% à le faire en 2012. Se laver les mains n’est donc pas encore un geste de prévention au quotidien. Alors que 8 personnes sur 10 se lavent systématiquement les mains après être allées aux toilettes (81% vs 84% en 2010), le lavage des mains ne s’avère pas être un réflexe dans certaines situations : • seuls 67% des Français se lavent les mains avant de cuisiner et 60% avant de manger ; • 59% des Français prennent cette précaution avant de s’occuper d’un bébé ; • moins d’un Français sur trois déclare se laver les mains systématiquement après s’être mouché (32%) ; • et seulement 31% le font après avoir pris les transports en commun. De manière générale, la bonne hygiène des mains est plus le fait des femmes et des personnes âgées de 35 à 49 ans, contrairement aux hommes et aux jeunes entre 15 et 24 ans qui s’avèrent moins vigilants.

En bref, le lavage des mains ne coûte rien  mais il peut sauver plus de vies que n’importe quel vaccin. – http://blog.santelog.com/2012/10/15/journee-mondiale-le-lavage-des-mains-cest-comme-un-vaccin-contre-linfection-global-handwashing-day/#sthash.JBplSQnQ.dpuf

10 commentaires sur “Le lavage des mains, je ne m’en lave pas les mains…

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  1. Quid des mains du visiteur, qui entre à l’hôpital après avoir pris un transport en commun, et qui ne se lave jamais les mains, ni en entrant ni en sortant de la chambre du visité, mais touche les poignées de portes, les rampes, le lit du malade, les boutons d’ascenseur, etc. ?

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      1. Chez eux, ils ont du savon et beaucoup ne se lavent pas les main avant de manger ou en sortant des toilettes.
        Oui, il devraient…

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    1. Très bonne idée, mais vu le cours actuel du cuivre, devons nous craindre de nous les faire piquer 1- dans la journée 2 – dans les 48 heures 3- dans la semaine pour les portes les plus reculées ?

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