Non, je ne vois pas du tout.
D’emblée d’ailleurs, nos relations prennent un mauvais tour. Il y a des personnalités comme ça: pas le contact.
La patiente est montée directement en endoscopie et commence déja à se plaindre de l’attente. Alors que je la rajoute à un programme déja bien chargé.
Donc la langoustine , non je ne vois pas. Pas le temps d’imaginer ça, faut endoscoper…
La dame n’est pas contente. On peut le comprendre, et on peut ne pas le comprendre.
Elle a avalé ce truc vendredi soir. Elle arrive pour l’endoscopie après un passage par son médecin traitant, les urgences, 2 ORL dont l’ORL de garde ce week-end à l’autre bout de la région. Elle ne comprend pas. Mais elle ne veut pas comprendre non plus que je suis pressée, et pas la pour lui fournir des explications sur ce cahotique parcours.
Avant la fibroscopie, il faut quand même examiner le cou, elle a mal , et je veux m’assurer qu’il n’y a pas de signe de perforation de l’oesophage. Dans les piaillements de la dame, qui pleurniche que je lui fais mal..
Passage du tube, et découverte de l’intrus…
En fait la langoustine était passée. Avec ou sans carapace, avec ou sans antennes, on ne le saura jamais…
Ce qui est resté bloqué, c’est …. une coquille de moule.
Bien piquée dans l’oesophage supérieur, juste sous le pharynx.
C’est le jour de chance de la dame (et le mien). En mobilisant ce gros truc noir, dont je n’ai pas compris tout de suite que c’était une coquille de moule, elle s’est dépiquée de la muqueuse.
Et me voila face à une moule décoincée, et que je découvre enfin, cassée. Armée de 2 vilaines pointes bien pointues. Toujours dans l’oesophage de la patiente, tuyau étroit et dangereux pour les corps étrangers , surtout contondants.
J’ai le choix. Soit j’essaie de passer le truc par le pharynx, soit je pousse dans l’estomac.
L’option passage par le haut est dangereuse. Cela peut se repiquer, voire perforer vraiment. En plus je n’ai pas de prise avec une pince sur un tel objet. Outre la perforation, Le risque est aussi de le perdre au moment du passage dans la gorge et que cela tombe alors dans les poumons.
Donc option 2: pousser la moule dans l’estomac. Ce que j’ai fait sans encombre. En faisant attention de ne pas piquer l’oesophage.
A la fin de la procédure, contente de moi, j’ai annoncé à la patiente:
« voila, madame, vous êtes guérie »
Que m’a t’elle répondu ? : je ne comprends pas, j’ai toujours mal, vous n’avez rien fait.
Et jusqu’a sa sortie de salle avec le compte rendu, le traitement, et le rendez vous de scanner demandé en urgence (s’assurer de l’absence de perforation tout de même), elle est restée désagréable.
En partant je lui ai dit au revoir madame…
Silence,
Alors j’ai murmuré : au revoir, et … qu’est ce qu’on dit
Et elle m’a répondu: « au revoir »
Au revoir et merci
C’est ça qui m’aurait fait assez plaisir
Tout de même…
question comme ça de l’ancienne étudiante qui n’a pas bien écouté certains cours: quel est le risque de perforation ultérieure dans le reste du tube digestif? faut-il dire aux patients de manger de la mie de pain ou des fibres pour « envelopper ce qui est pointu »?
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Une fois dans l’estomac, il n’y a pas de risque de perforation lors du passage dans l’intestin grêle. du verre, une aiguille, tout peut passer, sous réserve de ne pas se coincer. La coquille de moule ne présente pas de risque de se se coincer dans le grêle, si la dame a un grêle normal, bien sur. J’ai conseillé effectivement à la patiente de manger des poireaux et des choux, qui envelopperont le morceau.
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ils me manqueront pas ce type de patients au pole sud…
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