La question de l’information du patient et de l’information au patient est difficile car elle recouvre beaucoup de subjectivités.
Les subjectivités rejoignent les registres et les croyances de la peur, de la manipulation, celui de la recherche d’information scientifique à l’état pur.
Il n’est pas facile de garder une cohérence, la multiplicité des messages représente souvent pour le patient une grosse cacophonie, et il y a certainement besoin de fédérer un peu plus l’information. Autant pour ne pas aller du domaine
Car beaucoup de patients ont besoin seulement d’un message simple, adapté à la question qu’ils se posent.
Le corps médical ne se trouve pas toujours dans le cadre du soin du côté de l’objectivité . On sait que les médecins jugent les capacités d’un malade à les comprendre à travers un prisme, celui de la présentation, du milieu social et culturel. Ils ont tendance à donner une information stéréotypée, alors qu’elle devrait être, au mieux, adaptée à la question que se pose le patient . La nécessité d’informer les malades ne signifie pas que l’information doit être imposée au patient. Elle doit, bien au contraire, être adaptée au niveau d’information que le patient veut atteindre. La notion de choix de niveau d’information est importante pour le médecin. Non , il n’est pas nécessaire de tout dire, en tout cas, pas tout de suite. L’aptitude du patient à entendre et à comprendre devra être accompagnée.
Les soignants ont intérêt à informer. Cela diminue l’anxiété des patients, augmente leur confiance, et leur compliance. Il faut cependant se convaincre qu’informer un patient ne le rend pas nécessairement pour autant acteur de sa maladie. Bien des praticiens s’étonnent de ce fait. Le malade a des projets pour lui même, et ces projets ne passent pas forcément par une implication dans le diagnostic ou la thérapeutique qui lui sont proposés (imposés !)
Le temps de l’information au patient est un temps d’échange. Ce dialogue est humaniste, et sera au mieux conduit avec le respect de règles élémentaires de communication. Les paroles ont un pouvoir considérable sur l’être qui est en face d’un médecin annonceur de mauvaise nouvelle. Les mots qui tuent laissent pour toujours une cicatrice. Les partisans de la franchise à tout prix doivent se souvenir que les patients doivent continuer à vivre une fois le mal nommé.
A quoi bon répondre à des questions que le patient ne se pose pas, donner des informations que le patient ne demande pas. Les médecins créateurs de malentendus sont souvent ceux qui abusent du « mal-entendu ». Il est facile d’éluder une question. Souvent le malade n’est pas en situation de penser, ni d’insister. C’est alors pour le patient le « penser après coup ». qui génèrera l’angoisse de questions posées mais restées sans réponse. Après l’entretien, le patient trie les informations données, en fonction de ses croyances, de ses représentations. Même si les informations données sont inquiétantes, le fonctionnement magique peut prendre la place du rationnel… »je sais bien, mais quand même… »
Il est aussi bien de chercher à cerner la problématique personnelle du malade qui se trouve en face de vous. Le questionnement est aussi divers que surprenant. Il va de « vais je mourir », ou « vais je guérir », à « combien de temps dure l’hospitalisation », ou « combien dure l’opération » ?
Je crois désormais qu’il est inutile de décrire par le menu le traitement , ni d’affirmer à un patient qu’il va survivre si la question qu’il se pose est celle de la durée d’hospitalisation, de la garde du chien, ou de celle des enfants. Il ne vous écoutera pas. Pire encore, il aura le sentiment de n’avoir pas été bien informé. Assurer la sécurité du patient qui se trouve face à vous, c’est répondre à la question qu’il SE pose, et non à celle à laquelle le praticien croit devoir répondre. L’information donnée au malade est un puzzle, une fois conforté dans sa sécurité première, le patient pourra mettre en place les pièces du puzzle, avec plusieurs consultations, plusieurs intervenants. J’ai l’habitude de revoir systématiquement dans les 48 heures le malade auquel j’annonce une mauvaise nouvelle. Faire restituer ce qui a été entendu et ce qui a été compris évite les malentendus. C’est aussi le positionnement de la consultation dite d’annonce infirmière ou paramédicale, dont l’objectif rejoint mes propos.
Pas mal cet article.
J’aimeJ’aime
🙂
J’aimeJ’aime