Méga-scoop cette semaine… les médecins cherchent des informations médicales sur le net !
En tous cas, 96% des généralistes..
http://buzz-esante.com/2013/04/25/infographie-barometre-web-et-sante/
Le vieux cliché du médecin de famille feuilletant son Vidal en prend un sérieux coup ! Cette nouvelle sidérante écorne à jamais la belle image du médecin omniscient détenteur en son puissant cerveau de l’art intégral et de la science infuse . Quoi, un médecin qui ne sait pas un truc, il googlelise ? qui aurait pu imaginer une telle vulgarisation ?
Pourtant, comment s’étonner que les médecins soient désormais familiers de l’informatique, alors qu’on les y a poussés sous la contrainte ! .. La télétransmission, ça nécessite une connexion, pour le moins. Le logiciel médical, vivement conseillé, rétribué par un paiement à la performance, ne fonctionne pas sans liaison étroite avec la toile. Donc, après avoir tissé tous ces liens avec le web, on s’étonne ensuite que les médecins y entrent par la même porte que leurs patients, la recherche Google !
Rien que dans cette dernière journée, les occasions de chercher de l’info sur le net n’ont pas manqué.
Pour mettre en lumière l’importance du web, commençons par évoquer ce drame de l’incommunication. Il arriva lors de la réunion du déjeuner. Parce que oui, en privé, les réunions de concertation de cancérologie ont lieu à l’heure du déjeuner, en mangeant son sandwich. Parce que oui, en privé aussi, il arrive que la secrétaire de RCP soit malade. Imaginez nous ce midi, autour de nos sandwichs, et du seul ordi disponible mais… sans wifi et sans fil de connexion. Pas moyen d’aller vérifier le référentiel pour répondre mieux aux questions à propos d’ un patient compliqué. Bien sur, nous disposons aussi de la version papier des référentiels. Imprimée en 2011, elle ne se met pas à jour automatiquement. Vous la trouverez au fond du placard du fond, étouffée sous la poussière. Mieux valent quelques clics, qu’une bonne allergie.
L’occasion number one de taper sur Google en ce qui me concerne actuellement, est liée aux génériques. Un problème totalement inattendu et impréparé est survenu. Si les patients s’y perdent quand des molécules au nom compliqué remplacent leurs médicaments habituels, figurez vous que les médecins aussi, s’agissant des médicaments d’autre spécialité que la leur. Je connaissais en effet les noms des médicaments de cardiologie, leur nom m’indiquait d’ailleurs la pathologie traitée, ce que le patient ne sait jamais trop bien. C’est important avant d’anesthésier quelqu’un pour une coloscopie, de savoir de quoi les autres le soignent ! Le nouveau problème c’est que maintenant les patients me débitent une litanie de molécules qui ne me parlent absolument pas . Cet après midi, je croisai donc de la lisinoprinil, du métoprolol, de l’urapidil, de l’irbésartan. Mes propres génériques de gastro, je les connais, ceux des autres, il faut tout que je vérifie. Surtout quand le patient m’est adressé pour suspicion d’hépatite médicamenteuse ! Heureusement il y a Google. Bien plus rapide que vidal sur le net (payant) ou la BCB (compliqué). Un clic sur Google, me transforme ces dénominations inconnues en médicaments qui me parlent. Un second clic, et je file sur le site hépatox, qui me sort les effets indésirables de chacune des molécules.
Un autre consultant est gros, trop gros, beaucoup trop gros. Il mesure 1 mètre 63 et pèse 79 kilos. 2 options s’offrent à moi pour calculer son BMI: trouver le tiroir ou est rangée la calculatrice, si elle a encore des piles. Rentrer 1,63 multiplié par 1,63 (au carré), noter le résultat, car il doit servir pour faire une division. Taper 79 divisé par le chiffre noté. Recopier dans mon dossier. Seconde méthodo: moteur de recherche. Taper BMI dans la case recherche. Trouver plein de réponses, ouvrir n’importe lequel des sites proposés, noter le poids dans la case du haut, la taille dans celle du bas, et le BMI sort par magie. (BMI = index de masse corporelle = Poids/taille2). Copier-coller.
En fait, Google sert tout le temps. Quand vous n’avez guère d’idée sur ce que ça peut être. Quand vous voyez un truc plus compliqué. Quand vous ne vous rappelez plus de toutes les causes possibles d’une pathologie que vous connaissez mal ou que vous voyez peu, ou de tous les examens à réaliser pour explorer telle maladie.
En revanche, ne pas déduire que les médecins qui cherchent des informations sur le Web, obtiennent seulement une information de type grand public…Je m’en vais vous montrer un exemple, prenons par exemple « la pancréatite ». Il y a 3-4 grandes étiologies de base, et plein d’autres plus rares dont on ne garde pas en tête toute la liste. Il y a des anticorps à doser, dont on ne mémorise pas la formule.
Un patient cherchant des info sur sa pancréatite tapera probablement en premier sur Google « pancréatite ». Il n’obtiendra que des sites grand public.
Si ce même patient veut essayer d’approfondir les causes de sa pancréatite, il tapera alors « cause de pancréatite ». Cette fois ci, en première réponse, il obtiendra en effet un site médical, celui de la société savante de gastro. Ce sera la seule référence scientifique. Toutes les autres réponses resteront du grand public.
Un médecin cherchant à son tour des informations tapera bien plus probablement « étiologie des pancréatites ». Cette formulation le conduira vers une réponse constituée uniquement de sites médicaux spécialisés. Plus fort, alors que dans les réponses Google obtenues par la question formulée en mots simples, apparaissait Hepatoweb dans sa seule version « espace patient », le mot étiologie sort Hepatoweb espace patient, mais aussi l’article médical sur les pancréatites du même site Hepatoweb.
Pour écrire cet article, j’ai recherché les textes lus en vitesse cette semaine à propos des usages d’internet par les médecins par une simple formulation: « les médecins cherchent des informations médicales sur internet ». Toutes les réponses m’indiquaient qu’il s’agissait d’une enquête issue du « premier baromètre Web et santé », ce que j’ai retapé aussitôt. Info disponible en quelques clics.
Eh oui, que voulez vous ! encore un mythe qui s’écroule, encore une marche descendue dans la désacralisation du corps médical… nous empruntons les mêmes voies que nos patients pour trouver des informations médicales. Rassurez-vous, patients, il nous reste heureusement une compétence issue de toutes nos années d’études et de pratique : nous, médecins, savons faire la part des choses dans les informations que nous lisons !
ça y est, j’ai réussi à faire des captures d’écran lisibles !
pas d’affichage de l’article est ce normal?
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Oui, bug, vous retrouvez le même texte dans l’article suivant !
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