Par crédulité naturelle , je serais portée à croire que l’on nous dit la vérité sur les génériques : ils seraient bien équivalents aux médicaments princeps, en moins cher. Alors, j’essaye.. avec le lévothyrox, c’est un désastre, je me mets à douter. Puis je croise plein de gens pas d’accord, je doute encore. Et finalement, c’est en mangeant des lasagnes que je doute de plus en plus.
Les patients disent que les génériques seraient moins efficaces. Un patient étant forcément partial, on se saurait en aucun cas tenir compte de son opinion négative. Même si plusieurs patients disent la même chose. Néanmoins, des médecins s’y mettent aussi, et de plus en plus, au lieu de faire en silence les économies qu’on leur demande . Outre les médicaments dits « à faible marge thérapeutique » comme le lévothyrox et les anticonvulsivants, dont les génériques furent rapidement mis en cause, apparaissent des doutes concernant certains médicaments anti-hypertenseurs, antispasmodiques intestinaux, antidiabétiques…
En terme d’efficacité thérapeutique, finalement, les génériques sont-ils bien copie conforme de leur grand frère princeps ?.
Pour réfléchir à la composition des génériques, utilisons une comparaison certes un peu hasardeuse diront certains, mais d’une logique imparable comme vous allez le voir. C’est une comparaison culinaire… =
Un médicament, tout comme un plat de lasagne intègre dans sa composition 2 ingrédients principaux :
– l’ingrédient de base : pour l’un, la lasagne, pour l’autre la molécule active du médicament.
– L’enrobage, qui apporte de la palatabilité, car la lasagne /molécule active seule n’est pas mangeable. De la viande, dans le plat préparé,un excipient pour le médoc.
On se rappelle que le médicament aussi bien que la lasagne, fait l’objet d’une production industrielle. Donc de rentabilité économique. Sur quoi pourraient porter les économies?
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sur la partie lasagne /molécule active ? Plutôt Non. Pas ou peu d’économie possible sur un composant dont la composition ne peut varier.
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Par contre, la partie excipient pourrait constituer une jolie source de baisse de coût.. Les lasagnes constituent un récent exemple d’une manière galopante de biaiser. Le cheval déguisé en bœuf a impressionné. Cependant, n’oublions pas que, même en restant sur du bœuf, il y a d’autres sources d’économies tout autant sournoises. Par exemple, certains plats préparés le sont avec les nerfs et les aponévroses du steak, et le peu de viande qui reste collé dessus.
En matière de bouffe, c’est clair que les sources potentielles d’économie sont mises à jour. A remarquer qu’elles sont pratiquement toujours au détriment de la qualité de ce qui est consommé.
Et si,… et si du côté des excipients des médicaments, cela se passait comme pour la bouffe?
Et si l’angle de vision purement économique était une réalité ?
La partie « enrobage » pourrait alors être potentiellement LA vraie source des économies de fabrication des génériques? Dans ce cas, on pourrait alors supposer qu’il y aurait différentes qualités d’excipients.
Et du coup, on pourrait être amené à se poser la question : chargés d’acheminer la molécule active, les excipients des génériques le font-ils avec la même efficacité selon leur composition?
Parce que, dans un médicament, l’excipient, même s’il n’a pas d’effet thérapeutique, est aussi une molécule chimique et pas un simple transporteur neutre. Il ne change pas seulement le goût, la présentation et la couleur. Il a un un rôle dans l’absorption du médicament, (voir l’ANSM) et donc influence de façon hautement probable l’effet médicamenteux. D’ailleurs cela semble assez évident : comment l’action d’un principe actif pourrait elle être strictement identique en passant d’un médicament non enrobé à un médicament enrobé, d’un médicament en gélule à une forme en comprimé, d’un médicament soluble à un effervescent ?
La vraie question sur la nature et l’action des génériques me semble donc être: quelle nécessité de changer les excipients d’un médicament, si ce n’est une justification économique ? . Quelle justification autre que financière à rajouter des excipients « à effet notoire», c’est à dire susceptibles d’induire des intolérances ou des allergies ? Avec quel blé générique est fabriqué l’amidon de blé de certains excipients, ou encore le soja de beaucoup d’autres, de quel lait vient le lactose qui entre dans la composition de nombreux excipients? .
Maintenant que j’ai compris quelles lasagnes on nous fait vraiment bouffer, je doute…
Comment ne pas imaginer qu’on puisse introduire dans la composition des excipients de génériques des sous-produits, à l’image de ce que l’on fait en matière alimentaire ? Comme mon lait de soja du matin, dont je viens de découvrir en second ingrédient … du jus de raisin !
La lasagne au cheval reste t’elle de la lasagne au même effet sur la santé, avec son changement d’excipient ? La réponse semble bien être non. Un générique à l’excipient moins cher est il un remède de cheval au même titre que son grand frère princeps? Un générique aux lasagnes a t’il vraiment la même efficacité thérapeutique ?
Quelques références :
http://www.leem.org/dossier/galenique-des-medicaments
http://www.chups.jussieu.fr/polys/pharmaco/poly/generiques.html#ID-39
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Forme |
Excipients |
---|---|---|
Zyloric® |
comprimé |
lactose |
Allopurinol Biogaran® |
comprimé |
lactose |
Allopurinol Merck® |
comprimé |
lactose |
Allopurinol EG® |
comprimé |
Lactose + amidon de blé |
Allopurinol Bayer® |
capsule |
Ricin, soja et sorbitol |
Des excipients à « effet notoire »
http://www.eurekasante.fr/medicaments/prendre-traitement/excipients-effet-notoire.html
Contre-indications et effets indésirables |
|
---|---|
Acide borique et sels |
Contre-indiqué chez les enfants de moins de 3 ans |
Acide benzoïque et benzoate |
Irritations de la peau, des muqueuses et des yeux (application locale), risque de jaunisse chez le nouveau-né (injections) |
Acide sorbique et sels |
Urticaire (application locale) |
Alcool benzylique |
Contre-indiqué chez les enfants de moins de 3 ans |
Réactions allergiques chez les personnes allergiques au blé ou intolérantes au gluten (maladie cœliaque) |
|
Aspartam |
Contre-indiqué chez les personnes souffrant de phénylcétonurie |
Broponol |
Eczéma (application locale), troubles digestifs et diarrhées (voie orale) |
Butylhydroxyanisole |
Eczéma, irritation de la peau, des muqueuses ou des yeux (application locale) |
Butylhydroxytoluène |
Eczéma, irritation de la peau, des muqueuses ou des yeux (application locale) |
Chlorure de benzalkonium |
Irritation, eczéma, difficultés à respirer ; lentilles de contact endommagées |
Composés organomercuriels |
Irritation de la peau, eczéma, troubles oculaires |
Éthanol (alcool) |
Toxicité de l’alcool. Contre-indiqué chez les femmes enceintes, les enfants de moins de 12 ans, les personnes alcooliques ou épileptiques, les personnes atteintes de maladies du foie. Attention lors de conduite de véhicule ou d’utilisation de machines. |
Formaldéhyde |
Eczéma (application locale), troubles digestifs (voie orale) |
Fructose |
Troubles digestifs (en cas d’intolérance). |
Galactose |
Troubles digestifs (en cas d’intolérance). |
Glucose |
Troubles digestifs (en cas d’intolérance). |
Glycérol |
|
Huile d’arachide |
Réactions allergiques |
Huile de ricin et dérivés |
Troubles digestifs |
Huile de soja et dérivés |
Réactions allergiques |
Huile de sésame |
Réactions allergiques |
Troubles digestifs (en cas d’intolérance). |
|
Lanoline (graisse de laine) |
|
Maltitol (sirop de) |
Voir Fructose |
Paraformaldéhyde |
Eczéma (application locale), troubles digestifs (voie orale) |
Parahydroxybenzoates et leurs sels |
Irritation de la peau, urticaire, difficultés à respirer |
Polyéthylèneglycol (Macrogol) |
|
Phénylalanine |
Contre-indiqué chez les personnes souffrant de phénylcétonurie |
Douleur au point d’injection, phlébite |
|
Propylèneglycol, sels et esters |
|
Voir Fructose et Glucose |
|
Apport de sodium à prendre en considération chez les personnes qui suivent un régime pauvre en sodium |
|
Sucre inverti |
Voir Fructose et Glucose |
Sulfites (métabisulfites) |
Réactions allergiques |
Tartrazine et colorants azoïques |
Réactions allergiques |
Xylitol |
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Aujourd’hui on en est quand même à génériquer les antirétroviraux (Epivir, Combivir notamment). Concernant les excipients, il n’en existe pas « spécial générique », et parfois les génériques contiennent moins d’excipients à effets notoires que le princeps. C’est notamment le cas du Clopidogrel. Concernant les patients, très souvent, ils sont destabilisés lorsqu’on prononce le mot générique. Pourtant lorsque le médecin prescrit en DCI, ça passe beaucoup plus simplement. Et pourquoi avoir un doute en France, ou le pourcentage des génériques / médicaments totaux est assez faible alors que l’Allemagne ou l’Angleterre a mieux développé cette politique? Prenez toujours l’exemple du Paracétamol: certains pensent que le Doliprane marche mieux que l’Efferalgan qui marche lui-même mieux que le Dafalgan… Ou l’inverse. Finalement ce qui destabilise le patient c’est le changement de boîte plusieurs fois à mon avis…
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Bonjour Il ya une certaine analogie entre les générique et les réviolis pur boeur « au cheval » La multiplication des copies de médicaments dans des lieux multiples et de plus en plis « exotiques » rend matériellement impossible tout contrôle continu de leur qualité Il est inévitable que els médicaments génériques finissent par contenir des « saletés » bien pire que le « cheval » dans les produits alimentaires réputés « pur-boeuf » Le générique c’est la « loterie ». Dr J-F HUET
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