Professions réglementées: un rapport piégé, des conclusions biaisées, des professionnels baisés… ….

Les fameuses « professions réglementées » sont à l’ordre du jour, leur envisagée déréglementation sera censée faire baisser les tarifs des dites professions et améliorer le pouvoir d’achat des autres.

Ce genre de raisonnement abscons ne date pas d’hier. Mais, pour passer de l’idéologie à la réalité, il est coutume, en Fance, de s’appuyer sur les données d’un « rapport ». Issu de la réflexion et du travail de bureaucrates bien rémunérés, ce rapport est un monument. Le rapport sur les professions réglementées aligne sophismes, biais de raisonnements et arguments fallacieux pour refermer un piège d’une subtilité rare.


1 – Tout d’abord,  commencer par une argumentation fallacieuse à partir d’amalgames : mélanger un nombre incroyable de professions dont le seul point commun serait d’être réglementé et en tirer la conclusion qu’on peut traiter le sujet en une seule méthodologie.  

 

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2-  Utiliser des arguments volontairement non scientifiques, sans groupe contrôle, en s’appuyant sur des arguments issus de deux sondages « GRAND PUBLIC »  Juste pour le principe, pour pouvoir affirmer que les arguments sont confrontés à une pétition et que la vox populi est sollicitée.


Pour ce faire, bâtir 2  sondages dont les questions bien ciblés, comportent toutes une composante émotionnelle, assurant la non-objectivité des réponses.  Poser des questions consistant juste à obtenir la confirmation de ce que l’on veut défendre.

Exemple de question :

  •  est-ce trop cher ? : prothèse dentaire, optique, notaire, taxi, peinture, avocat, médecin spécialiste, assurance… 
  •  le rapport qualité/prix est il selon vous optimal ? 
  •  Combien devraient gagner tous ces gens ?  

 

Le premier sondage grand public aligne des questions incompatibles avec  l’objectivité  

·   Il demande tout d’abord aux sondés de donner une estimation des revenus actuels de 37 professionnels. Dans 100% des réponses,  l’estimation donnée se situe en dessous du revenu médian réel  constaté de la vraie vie.

·     A partir de ces réponses, il demande ensuite aux sondés d’estimer un  revenu « légitime » : Dans 100% des réponses,  le revenu considéré comme légitime est inférieur au revenu estimé.

 

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Le second sondage toujours grand public, anéantit le concept d’objectivité. Les sondés sont questionnés sur un rapport qualité/prix, à propos de prestations dont ils n’ont aucun moyen objectif de juger le prix réel.  

·         Les 2 questions scientifiques de cet outrageante enquête :

Est-ce cher ?

le service rendu par la profession est-il qualitativement en rapport avec son prix ?

·         Vu qu’on est en France, que les français sont plutôt en phase de lamentation sur leur sort, le sondeur est à peu près assuré d’obtenir des réponses qui vont de facto corroborer et alimenter son idée fixe de départ.

·         Grâce à cette seconde enquête bien biaisée, le sondeur va donc pouvoir alléguer que la cause qu’il défend est juste puisque que « la majorité des gens trouvent que »  le rapport qualité/prix de ses achats est insatisfaisant et que le menuisier, le taxi, le serrurier, le dentiste, l’huissier, le syndic, le pharmacien, le spécialiste, etc, sont trop chers…

·         Et bien sur, pour que ce soit crédible, on trouve une exception. Dans ce cas précis, ce seront les médecins généralistes. Démagogie oblige en l’état actuel des projets de santé.

 


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Donc, sans état d’âme, l’expert va baser la suite du rapport sur ces questions biaisées, posées à un public de telle manière que les avis donnés ne puissent être pertinents, car ils n’y répondent que dans un registre émotionnel et sans disposer d’informations objectives (ben oui, tout est cher, ma brave dame…)


Sans état d’âme, on considère comme acceptable des sondages dont les résultats avoisinent 100% de sondés d’accord  sur l’ensemble des réponses !   Un tel résultat sur l’ensemble des questions, ça fleure tout de même bon le biais. Mais cela n’est pas pour émouvoir les auteurs d’un tel rapport. Ils cherchaient à dégager des évidences, reste à exploiter leurs résultats biaisés


3- Enfin, abrité par la soi-disant légitimité de la vox populi, le rapport va pouvoir asséner les affirmations sollicitées et attendues par le donneur d’ordre  du rapport…


A partir donc des 2 sondages de la « vox populi », non scientifiques, sans groupe témoin, sur de petits échantillons, avec des questions biaisées, nos experts vont pouvoir faire passer en toute sérénité le message pour lequel on leur a demandé de pondre un rapport.


C’est-à-dire, affirmer que 25 des 37 professions réglementées  induisent des dépenses par nature « non délibérées » des consommateurs ou des entreprises, ce qu’ils appellent des « dépenses plus subies que choisies » : dépenses médicales, juridiques, contrôle des commissaires aux comptes… . Pire, 2 professions sont particulièrement prises pour cibles du fait qu’elles interviennent  souvent en contexte d’urgence ou le consommateur ne peut renoncer à la dépense. Les plombiers, et les serruriers en prennent pour leur grade. Et toc. Pas que des docteurs, des pharmaciens, des notaires !


Des dépenses qualifiées de situations d’obligation de dépenses

 

 

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Une fois que ces conclusions orientées sont établies, on passe bien sur sous silence les autres dépenses contraintes.  


Et on s’engage dans un nouveau raisonnement invalide au sens de la logique. Raisonnement basé sur un concept socialiste, mais pas forcément approprié à la situation exposée : la raison du plus pauvre.  


Soit :

          En faisant baisser ces dépenses contraintes pour les plus pauvres

          On augmentera le pouvoir d’achat des plus pauvres pour leur permettre des dépenses choisies  


Omission : on aura paupérisé le pouvoir d’achat de 37 professions dites réglementées.

Omission : que deviendra la qualité du service s’il est moins cher ?  

Et bien d’autres omissions encore…


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4- Quatrième et vraie perversité de ce montage ingénieux : la généralisation, qui va permettre de diviser à l’excès et de refermer le piège.


Les professions dites réglementées sont, on l’a vu ci dessus, un incroyable mélange des genres. Pharmaciens, avocats, notaires, huissiers, vétérinaires, dentistes, médecins spécialistes, kinés,  mais aussi artisans du bâtiment, infirmières, plombiers, serruriers, vitriers, ambulances, auto-écoles… etc


Donc, après avoir regroupé aléatoirement ces professions  sur la caractéristique commune, être réglementées, on admet une relation de causalité entre ces différents métiers, et on va considérer que tous sont concernés au même titre par des mesures de rétorsion .

 

Le piège est subtil.

        Les professions réglementées sont trop riches

        Or, beaucoup de riches sont heureux

   Donc pour être heureux, il faudra que le pauvres récupèrent les richesses des professions réglementées.


Chacune des professions réglementées se voit alors gratifier d’une liste de propositions censées générer une  baisse de  coûts.


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Et Alors, Zorro, n’arrive pas, non. Bien au contraire ! Le piège se referme…

Chacun des professionnels se retrouve pris dans ce piège abscons : il est d’accord sur plein de trucs….  concernant les autres professions. Et bien sur, d’accord sur rien concernant sa profession ! Comment défendre un tel argumentaire ?


Professionnel de la catégorie réglementée, comment réussir à vous faire accorder de l’attention, quand vous irez argumenter pour ta profession, sans vous préoccuper des contraintes infligés aux autres ?


6- Maintenant on a compris : les rédacteurs de ce rapport savaient ou ils voulaient en venir bien avant de faire des sondages bidons pour alimenter leur argumentation. Et ils avaient un objectif, et une ferme intention : celle de baiser un max de gens choisis selon leur idéologie comme étant ceux qui captent les richesses sans légitimité.

 

PS : A noter, un oubli dans la liste des professions réglementées… N’y figurent ni ministres, secrétaires d’états, ni les nombreux  politiques et serviteurs payés par l’état ?

Ne s’agit-il  pourtant pas de  métiers réglementés, censés rendre des services, de  métier auxquels le consommateur ne peut renoncer, des métiers libres d’imposer des tarifs, des prestations, des ordres, des directives que le consommateur doit faire par obligation ? des  métiers soumis à un ordre, celui de la république, censée garantir la probité, la qualité. Et pourtant, des métiers dans lequel on peut favoriser sa famille et ses enfants en les faisant travailler dans son cercle professionnel, en les salariant directement.  Des métiers pour lesquels on est rétribué assez copieusement, d’un salaire complété par des primes d’organisation sur lesquelles on ne demande pas de comptes. Des métiers pour lesquels on touchera une retraite définitive dès lors qu’on les a exercés seulement quelques mois ou années. 

 

 

https://labeilleetlarchitecte.files.wordpress.com/2014/08/rapport-igf.pdf: le rapport intégral

2 commentaires sur “Professions réglementées: un rapport piégé, des conclusions biaisées, des professionnels baisés… ….

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    1. Merci ! Pour autant, à voir les manifestations et grêves prévues la semaine prochaine, les professions attaquées vont aller séparément défendre leurs intérêts et c’est ce qui fera leur faiblesse, je le crains.

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