Dire les choses, c’est bien, dit-on. Cependant, en matière de santé, émettre des messages à double entrée et pas réalistes, ne suffit pas à régler les problèmes actuels de la médecine.
Parce qu’à message, il y a message sous-entendu (autrement appelé non-dit), et réalité qui ne colle pas avec le message envoyé.
Voici 20 dooubles messages hyperclassiques, hypermédiatiques, sur la santé, relayés par ministère, politiques, agences de santé, médias. Et à côté, ce qui se passe dans la réalité. Démontrant qu’en santé, ce n’est pas parce qu’on dit, qu’on fait, ni parce qu’ils veulent, qu’on peut.
Message | Double message | Réalité | |
1 | Maintenir le paiement a l’acte | Mais avec des honoraires bas | pour obliger les médecins a voir plus de patients |
2 | Ajouter à la rétribution des médecins une rémunération au forfait | Pas pour aider à organiser le cabinet, avoir un secrétariat, une assistante médicale | Pour encadrer les prescriptions des médecins dans un but économique |
3 | Supprimer ou en tous cas baisser significativement la rémunération des visites | Mais demander aux médecins de prendre en charge les vieux qui ne peuvent se déplacer | |
4 | Demander aux médecins de prendre en charge les gens à domicile | Mais accepter qu’on leur mette des contraventions quand ils sont mal garés pour ce faire | |
5 | Obliger les gens à s’inscrire chez un médecin référent | Mais ne pas rémunérer le médecin pour le nombre de patients qu’il suit | et donc, aucun intérêt pour le médecin d’avoir une clientèle plus importante, et les médecins refusent des nouveaux patients |
6 | Culpabiliser les médecins | Ils seraient vendus aux laboratoires pharmaceutiques | On les cible en place publique. Même un repas à 20 euros offert entre 2 consultations est visible par tous sur un site ouvert |
7 | Demander aux médecins de faire de la FMC | Sans organiser de formation en faculté à des tarifs acceptables | et interdire aux laboratoires pharmaceutiques d’en organiser ou d’aider financièrement les médecins à l’inscription des actions chères de sociétés savantes |
8 | Autoriser la liberté d’installation | Mais critiquer les médecins qui s’installent ou ils veulent. | Donner la liberté mais critiquer de s’en servir
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9 | Se lamenter qu’il y a trop de passage aux urgences | Mais garder la facturation à l’activité (T2A), ce montage financier ou le patient rapporte bien plus a l’hôpital en se rendant aux urgences qu’en allant chez son médecin traitant. | Et donc, hôpitaux et cliniques pleurent par devant mais ont tout intérêt à ne pas faire baisser le nombre de passages aux urgences |
10 | Demander aux médecins généralistes de ville de prendre en charge les urgences | Mais aussi en même temps tous les patients qui veulent les consulter sur rendez-vous | Comment un médecin peut-il à la fois : consulter avec des horaires et des rendez-vous à l’heure, et voir les urgences à volonté, sans interférer avec les consultations ! |
11 | Regretter le temps ou le médecin de famille était disponible à volonté | Mais ne pas valoriser les médecins qui acceptent de ne pas compter leur temps et leurs heures auprès des patients | |
12 | Demander aux médecins de déléguer des tâches | Mais ne pas leur en donner les moyens financiers | Ils ne peuvent pas rémunérer les délégués (sauf certaines spécialités très bien organisées comme les ophtalmos, mais un MG ne peut pas) |
13 | Répéter à l’envi que toute l’administration hospitalière permet aux médecins de se centrer sur leur cœur de métier | Sauf qu’on ne peut rien faire, ni la médecine, ni tout ce qui l’encadre, sans les médecins | Et que les administratifs pensent que la contrainte est ce qui marche le mieux sur les médecins. |
14 | Répéter sans relâche que les malades sont au cœur du système de soins | Puisque le patient au centre, tout le monde tourne autour | Bâtir un parcours de soins ne se fait pas quand tous ceux qui gravitent autour du patient, sont parfois plus occupés à se délester des tâches , qu’à regarder du côté du patient ou de son parcours |
15 | Insister sur le fait que les médecins doivent avant tout s’occuper des patients | Mais ne pas décharger la barque des tâches administratives, au contraire, l’alourdir de jour en jour | Dans la vraie vie, un patient= plein de papiers ou de clics. Qui en pâtit : le patient. A qui le reproche t-on ? à celui qu’on accable de tâches. Car il est censé tout faire. |
16 | Aider les pratiques médicales par des recommandations | En fait, les encadrer par des lois, règles, normes | Le médecin a souvent un ou 2 trains de retard sur la nouvelle recommandation ou règle ou norme et cela lui est facilement reproché |
17 | Multiplier les administratifs dans les administrations hospitalières | En exclure les médecins car ils font peur aux administratifs | Laisser de côté les « vrais » médecins, c’est se priver des seuls à savoir réellement de quoi on parle en médecine |
18 | Demander aux médecins une disponibilité croissante | Disponibilité non valorisée. Consultations pas mieux rémunérées, engagement pas reconnu, pas valorisé | Les médecins ne veulent plus engager leur vie privée dans le travail. Surtout si on ne les en remercie jamais. |
19 | Inciter les médecins à exercer en groupe | Mais vouloir qu’il y ait un médecin dans chaque village | |
20 | Dire que l’état supprime le numérus clausus.. … | Mais : « aux universités désormais de fixer ce contingentement, en fonction de leurs capacités d’accueil pour les formations et des besoins de santé du territoire, « sur avis conforme de l’agence régionale de santé [ARS] », et au regard « d’objectifs nationaux pluriannuels relatifs au nombre de professionnels à former établis par l’Etat » | Donc, le nombre de médecins n’augmentera pas tant que prévu. |
Faire croire qu’en santé « si on veut, on peut » … On veut toujours, mais le fossé se creuse entre les discours et la réalité.
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