Pour gérer la conduite d’un avion, la présence du commandant de bord est nécessaire et incontournable. On n’essaye pas de s’en passer, on ne demande pas à un autre que le pilote de faire décoller ou atterrir l’avion. Bien qu’équipés de nombreux systèmes de mesure, de calcul, d’intelligence artificielle, de pilotage automatique, il est une évidence : on ne peut se passer du cerveau humain aux commandes d’un avion. Pis, l’humain est tellement indispensable qu’on en met 2 au cas où l’un viendrait à être défaillant. La délégation de tâches existe, mais c’est le responsable qui décide quand et comment déléguer. Et le décideur est bien le pilote. Pas son adjoint, et encore moins une personne n’ayant pas le diplôme nécessaire au pilotage de l’avion.
Par ailleurs, les pilotes étant indispensables, on prend, autant que faire se peut, soin d’eux. On se préoccupe de leur qualité de travail, afin de minimiser leur stress, d’augmenter leur confort http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=TC%20115. On ne les fait pas travailler au-delà des temps de travail légaux, car la fatigue est un facteur connue d’erreur. On ne leur demande pas non plus de gérer les documents administratifs de tous les passagers. Juste leurs propres documents, déjà nombreux, en terme de qualité, risque, suivi de leurs actions. En revanche, ils ne s’occupent pas des passeports de leurs clients, de leur faire payer le voyage, de gérer leur montée dans l’avion, etc…
Pour une raison que j’ignore, et que je trouve d’ailleurs complètement con, les médecins comparent souvent le tarif de la consultation à celui d’une coupe de cheveux. Ici, dans ce post, je vais comparer le médecin avec le pilote d’avion, non sur la sphère financière, mais en terme de responsabilité professionnelle. Je crois cette comparaison possible.
Pour gérer la santé d’un patient, la présence d’un médecin a toujours été en première ligne. Jusqu’à maintenant jugée indispensable, elle est pourtant désormais remise en cause. On se dirige vers une gestion des patients par les paramédicaux, j’ai nommé infirmières et pharmaciens.
Toutes ces professions, médecins, infirmières, pharmaciens, ont toujours travaillé ensemble, et en concertation autour du patient, donc leur collaboration est en effet logique. Néanmoins, il est questionnant d’observer que l’on compte faire en médecine l’inverse de ce que l’on fait aux commandes d’un avion. En médecine, l’idée est de retirer une partie du pilotage au médecin, laissant aux paramédicaux la responsabilité du diagnostic initial et du tri des patients. Autrement formulé, on a prévu de laisser le pharmacien, l’infirmière (dite en pratique avancée), estimer eux-mêmes qu’une pathologie relève de leur seule compétence et ne nécessite pas d’accès au médecin.
En pratique : On forme des médecins, censés être les pilotes de la santé des patients. Cela prend de très nombreuses années, parce que ce n’est pas simple, même avec l’apport des systèmes d’aide au diagnostic, et de la future intelligence artificielle. Puis une fois ces médecins formés, on confie à des professionnels n’ayant pas reçu le même bagage en terme de formation médicale la responsabilité médicale la plus difficile, la plus complexe, celle de faire le tri dans les diagnostics possibles, de repérer les critères de gravité.
Ne serait-il pas moins risqué et plus logique de faire l’inverse ? confier au médecin la responsabilité du diagnostic, de l’interrogatoire, de l’examen clinique, puis déléguer la suite, explications, informations, suivi et adaptation thérapeutique, à l’infirmière et/ou au pharmacien ? Et, au passage, le dossier et suivi administratif à des vrais administratifs.
Dans un autre registre, on voit à quel point les directions de l’aviation se préoccupent du confort de travail de ceux qui prennent le maximum de responsabilité, celles de la vie des gens qu’on leur confie. Les pilotes, les volants des avions, on se préoccupe de leur temps de travail, de leur nourriture à bord, on analyse les relations entre les exigences de travail et la charge physique, mentale, émotionnelle des navigants, dans une approche ergonomique et psycho-sociale. Cela concerne l’environnement, la charge de travail et le stress au travail (cf article déja cité, 1er paragraphe)
A l’opposé, en médecine, des gens à qui on confie un maximum de responsabilités, ne bénéficient pas de ces mêmes attentions. Leur temps de travail est jugé extensible pour s’adapter aux besoins de la société, leur confort de travail est ignoré, leur stress considéré comme partie intégrante de la fonction, charge à eux de le gérer eux-mêmes, charge à eux de donner le plus possible d’énergie à leur métier, y compris s’ils ressentent les symptômes du burn-out.
Quel voyageur serait d’accord de monter dans un avion piloté par un pilote qui travaille en continu depuis 24 h ? Pourtant, la même personne, si elle est malade, est d’accord d’être accueillie par une infirmière qui n’a pas eu le temps de manger de la journée, et a du prolonger son service habituel parce qu’il manque de personnel, puis le patient est aussi d’accord d’être opéré par un médecin qui n’a pas dormi depuis 24 heures ou plus.
La comparaison est-elle appropriée, je ne sais ce que vous en penserez. En tous cas, je ne sais que conclure. La différence frise l’absurdité s’agissant de professions avec un vrai point commun : la responsabilité de la sécurité d’autrui.
Et si un jour on faisait un « vis ma vie ». On mettrait aux commandes de l’avion un pilote ayant les heures de travail d’un médecin au compteur, on lui demanderait d’attendre que son parapilotal ait fait les diagnostics avant décollage et atterrissage, et on lui ferait gérer en plus de son boulot tous les problèmes des passagers. Pendant ce temps, aux urgences, ou en consultation viendrait bosser un médecin et une infirmière en toute sécurité, heures de travail légales d’un travailleur normal, préservation au maximum du stress, et centrage sur le travail médical et paramédical, c’est à dire la santé des patients, et rien d’autre.
Très juste réflexion en dehors de tout corporatisme!!
Un médecin dans l’avion un pilote en consultation, c est pas si mal.
Personne sur les rails!!!!
Les coupables sont ils les électeurs ou nos pseudo « dirigeants «
Amicalement.
Regine Morel
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