La ruée vers les masques

Ca fait longtemps qu’on croise dans les rues ou que l’on voit à la télé bon nombre de touristes, souvent des asiatiques, qui portent un masque. Quelle en est la raison ? protection vis-à-vis de la pollution ? protection contre les parisiens ? protection des parisiens contre l’étranger potentiellement infecté ?

En tous cas, le masque fait du buzz actuellement. Un petit virus autonome, ingérable et agité de l’infection, génère sur toute la surface de la planète un incroyable empressement à se cacher derrière un bout de papier protectif. Alors que nous sommes à l’heure de l’ultracommunication, à travers des réseaux qui ne connaissent ni limite ni frontières, voilà qu’un virus nouveau et inconnu prend les mêmes chemins que nos réseaux, se joue des frontières et ça fout le bordel partout.

En réaction à cette circulation virale, voilà que l’humain devient potentiellement un vecteur de ce mystérieux et peut-être dangereux virus intrusif. Voilà que l’on se met à redouter le contact entre humains. Voilà que la proximité devient dangereuse, la poignée de mains potentiellement infectante, voila que le dialogue en face à face nécessite une barrière physique, car l’air que l’on respire, venant de l’autre, est éventuellement contagieux. La menace vient de la proximité.

Et, chacun de courir les pharmacies pour avoir ses masques.

Un masque, il leur faut un masque. Parce qu’ils ont soudain peur de l’autre, les gens. Et que la peur de l’autre conduit souvent à vouloir intercaler une barrière. En l’occurrence, ce n’est pas un fossé, ce n’est pas un mur, ce n’est pas une forteresse. Non, en ce moment, ce que cherchent les gens, c’est un filtre de quelques microns d’épaisseur, arrêtant les particules virales.

Quelques grammes de papier filtrant, mais qui ne protègent pas tout le monde, et pas de la même manière selon les modèles. 

Parlons donc de masques, puisque c’est un sujet à la mode ces jours-ci..

I- Les différentes sortes de masques

Il y a en réalité 2 sortes de masques. Voyons voir ça :

  • Les masques qui protègent le porteur

Ces masques sont des barrières d’entrée : Ils ont un rôle de filtration et empêchent les virus de rentrer dans la bouche et les voies respiratoires de celui qui les porte.

Les niveaux de sécurisation d’un masque sont fonction de 2 paramètres : 

  • taux de Pénétration (ou taux de filtration) du média-filtrant. Cela signifie le % de particules retenu par le dispositif
  • taux de Fuite Totale vers l’Intérieur (FTI), cela signifie la quantité d’air qui ne passe pas à travers le filtre et qui n’est donc pas filtrée, en particulier celle qui passe sur les côtés du masque.

Pour qu’un masque soit efficace, il faut 

  • Qu’il ait un taux de filtration élevé
  • Qu’il soit ajusté et serre correctement le visage pour éviter les fuites latérales

Les seuls masques répondant à ces critères sont les FFP2 (masques canards en forme de cône)

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Ces masques sont  réservés pour les personnels de soins , on explique pourquoi dans le chapitre II. 

Bien sur, tout le monde voudrait en porter. Néanmoins, pour une personne cherchant à se protéger en continu, le port permanent d’un tel masque est rapidement invalidant avec une sensation d’empêchement à respirer du fait de son étanchéité.

2) les masques qui protègent l’environnement du porteur

Ce sont les masques chirurgicaux. 

Ils ne sont pas filtrants. Ils sont « anti-projections ».

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Le masque chirurgical est destiné à éviter, lors de l’expiration du porteur la projection de sécrétions des voies aériennes supérieures ou de salive pouvant contenir des agents infectieux transmissibles par voie « gouttelettes » ou « aérienne » :  Ils stoppent les gouttelettes de salive, pour éviter les projections sur les autres. Inutile donc de les porter pour se protéger.

Seules les plus grosses particules transportées dans l’air sont stoppées par les masques chirurgicaux .

En temps normal, le masque chirurgical est  porté habituellement par le soignant (par exemple au bloc opératoire) pour prévenir la contamination du patient et de son environnement (air, surface, produits) ;

En cas de pandémie de grippe, il est conseillé aux malades de le porter pour protéger leur entourage.

Dans tous les cas, un masque limite la transmission mais n’élimine pas tout quand l’agent infectant a plusieurs canaux de communication, comme c’est le cas pour les virus (respiratoire, salivaire et manuelle)

 

II- QUI DOIT VRAIMENT PORTER UN MASQUE ?

Celui qui craint d’être contaminé ?

Porter un masque ne protège pas des infections respiratoires.

En effet, clairement, on peut s’infecter malgré le port d’un masque. En effet, comme indiqué ci-dessus, les infections infiltrent le bien-portant par plusieurs routes. Les gouttelettes de salive (elles seraient en effet arrêtées par un masque FFP2),  mais aussi le souffle venant des malades, notamment lors des éternuements, qui envoient latéralement des aérosols de virus, et enfin, et surtout, les mains. Parce qu’ en moyenne, votre main entre en contact avec votre visage jusqu’à 3 000 fois dans la journée. Elle est donc susceptible d’amener beaucoup de virus derrière le masque, qui en réalité ne sert techniquement à rien ou presque.

Celui qui est malade ?

Quand un grippé tousse ou éternue derrière un masque, il  envoie dans  l’air 2 à 3 fois moins de virus que s’il n’en porte pas. Le masque  joue donc effectivement un rôle de barrière, mais ne peut être 100% efficace, en particulier s’il est mouillé par la salive.

De plus, comme les masques ne couvrent pas l’intégralité du visage, le souffle envoie malgré tout latéralement des aérosols chargés de virus.

Il est donc important de respirer à travers le filtre et pas sur les côtés pour que les microbes et les virus restent bloqués

Pour un malade : par précaution, le masque doit être porté aussi souvent que possible, surtout en cas de contact avec des personnes fragiles (femmes enceintes, enfants, personnes malades ou âgées).

À l’hôpital, ils doivent être systématiquement portés tant que le patient malade n’est pas isolé. Cette mesure de précaution s’applique aussi en cas de visite au cabinet médical ou dans un autre établissement de santé.

Les médecins et les soignants ?

Ils constituent un cas particulier. Tout d’abord parce qu’ils sont en contact étroit avec les malades, moins d’un mètre de manière prolongée. D’autre part, parce qu’il vaut mieux qu’ils ne soient pas  atteints par l’infection. En effet, si les soignants tombent malades, qui va soigner les malades ?

De ce fait, les soignants doivent bénéficier du port de masque FFP2 dès lors qu’ils sont en contact avec des infectés potentiels . Enfin, euh, c’est s’il y en avait, des masques comme ça, parce que actuellement ce n’est pas le cas, les soignants ne sont pas équipés comme ils devraient l’être.

III- Y A-T-IL DES ALTERNATIVES DU FAIT DE LA PENURIE DE MASQUES

Peut-on porter autre chose qu’un masque médical ?

  • Un masque « Antipollution » : non, ils sont totalement inefficaces face au coronavirus
  • Un masque antivirus vendu sur internet : le plus en vogue est fabriqué en tissu lavable avec une valve respiratoire. Malheureusement ce type masque n’offre aucune garantie de filtration aux nano-particules tels que  les  virus qui passeront aisément au  travers.
  • Un tissu ou un foulard plaqués sur le nez et la bouche: cela ne suffit pas. Non, trop fin, et pas de filtre
  • Un masque « DIY »

Un article sur le sujet est publié dans une revue scientifique !   L’article conclut que le masque fait maison c’est moins bien que le masque chirurgical mais c’est mieux que rien.

article masque diy

On trouve beaucoup de didacticiels de couture de masque en ligne, pour réaliser toutes sortes de masques DIY (do it yourself). Il est clair que le masque fabriqué doit avoir plusieurs épaisseurs de tissu. 

Il est aussi possible d’ajouter un filtre soi-même. Le plus simple est d’utiliser un sac aspirateur dont le potentiel d’efficacité de filtration est scientifiquement démontré dans une étude effectuée en 2013 qui fait un tableau comparatif sur l’efficacité de filtration de plusieurs matériaux. On constate que le « simple torchon » est efficace, mais moins que le sac d’aspirateur qui, lui, est presque aussi bon que le masque chirurgical.

article comparatif filtrants

Donc, il est judicieux d’utiliser le papier de sac d’aspirateur pour fabriquer un filtre. Celui-ci doit être amovible et doit pouvoir être renouvelé facilement.

On conclura en disant qu’aucun masque, même le plus filtrant, n’aura d’effet que s’il est  utilisé correctement, et fait partie d’un arsenal protecteur. Il ne suffit pas de trouver un bon filtre, il faut aussi que le masque soit bien étanche sur les bords, porté correctement et qu’il s’accompagne du lavage des mains. La protection est une somme de mesures « barrières »

Les mesures individuelles doivent aussi impérativement être conjuguées à d’autres mesures préventives comme l’isolement des personnes infectées. 

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