Avant de consulter en « médecine » naturelle ou alternative, quelques pistes de réflexion…

Imagine, tu es féru de « médecine » naturelle, ou alternative. De pratiques de soins non conventionnelles, PSNC, comme on dit.

Imagine, je ne vais ni te critiquer ni essayer de te convaincre de ne pas y croire. .

Imagine, je vais juste te donner des pistes de réflexion autour de  prises en charge que tu penses à la fois médicales et naturelles.

Voila

  1. Tout d’abord, je te pose une question : que vas-tu chercher dans les circuits de soins non médicaux ?.

Forcément, tu as un peu conscience que tu veux faire « soigner » quelque chose qu’au fond de toi, tu sais ne pas être une maladie, sinon, tu irais voir un médecin ? Quelle est ta motivation ? L’impression que les rouages de ton corps et de ton esprit ne sont pas huilés ?  Un mal-être ? Une sensation de vulnérabilité  ?

Et donc, pour ça, tu veux une solution qui soit un peu comme de la médecine, mais qui n’en soit pas vraiment. Pas de médicament. En fait, plutôt un peu de magie, et une tactique que tu penses sans risque pour toi.

Est-ce que tu t’es posé des questions sur la personne que tu vas aller consulter ? quand c’est un médecin, tu veux qu’il ait les diplômes adéquats, qu’il soit inscrit au conseil de l’ordre, reconnu comme professionnel compétent. Pour ta consultation de médecine naturelle, que sais-tu de la personne qui va te recevoir ? Tu sais quelle est sa connaissance du corps ou de l’esprit humain ? tu sais quelle est sa formation ? Tu sais qu’il a pu la faire en 3 jours, sa formation? . Il ne t’en informe pas, mais pourquoi fais-tu confiance aveuglément, toi qui d’habitude est plutôt méfiant ?

2. Est-ce que tu sais comment les praticiens de médecine naturelle s’y prennent pour te faire croire qu’ils font du « médical »

Pas compliqué. Suffit de mettre dans la phrase de présentation le mot Médecine, Médical, ou Thérapie. Et te voila bien ferré.

N’importe qui, sans aucune formation, a légalement le droit de dire qu’il fait de la médecine. Ce n’est pas un mot réservé. La seule condition c’est juste de le dire, mais ne pas faire d’acte médical, c’est-à-dire :  pas le droit d’établir un diagnostic, ni de préconiser un traitement. S’il donne un diagnostic, s’il propose un traitement, c’est de l’exercice illégal.

Donc, ton thérapeute t’induit en confusion en te laissant croire qu’il a une activité proche du médical.

Il entretient la confusion par l’emploi de nombreux mots clés, parlant à ton désir de soin, de santé, de bien-être. Médecine, ou Thérapie, plus un adjectif imagé comme: alternative, complémentaire, douce, traditionnelle, parallèle, chinoise, japonaise, non conventionnelle, naturelle, intégrative, manuelle, énergétique, magnétique, quantique, biorésonnante. Ou encore naturopathe, réflexologue, guérisseur, méditation, hypnose, phytothérapie, micronutrition. Et enfin, en allant pêcher vers le soleil levant, l’aryuvéda, le chamane, le reiki. Sans oublier le bien connu ostéopathe, ou le chiropracteur avec sa connotation moyen-âgeuse. Derrière tout ça, une notion pour te charmer : c’est NATUREL. C’est naturel,, ça ne peut pas faire de mal , il n’y a pas d’effets secondaires.

Tu sais que la santé est  définie comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité». . Donc l’emploi des mots vient s’appuyer sur ce que tu espères le plus dans ta vie de chaque jour: le bien-être.  Cette personne que tu vas consulter te fera volontiers croire que prendre soin de toi, c’est être soignant. Ce qui est parfaitement faux. Cette personne n’est en aucun cas un soignant…

Bien que non soignants, les diverses personnes que tu pourras consulter, vont tous t’offrir des pseudo-diagnostics, des jolis mots expliquant tes symptômes, qui ressemblent à du diagnostic : désalignement, problème d’énergie, de circulation d’énergie, de posture, de blocage, de décalage, nécessité de correction, de rééquilibration…

3. Est-ce que tu crois vraiment qu’un traitement puisse être inoffensif, n’avoir que des effets désirables, mais aucun effet indésirable. ?

Parce que ces professionnels te proposent non seulement des explications pseudo-médicales, mais aussi LA solution : clairement, leur pratique c’est le truc idéal, séduisant,  la solution à tes maux, solution que personne d’autre n’a su, auparavant, te proposer.

4. Au delà des mots médicaux, les rites et usages des médecins

Et pour cela, au delà des mots, les pseudo-thérapeutes vont mimer les rites des médecins. Même pour te soigner avec des cailloux, ils auront sur leur pas de porte une belle plaque, de la même dimension que celle d’un médecin, avec un beau logo ressemblant à un caducée et des bouquins médicaux dans leur salle d’attente.

Ton rendez-vous, tu le prendras souvent sur un grand site médical. Ca augmente ta confiance dans la médicalité du truc parallèlle.  Un site sur lequel, en mars 2021, j’avais compté  la prise de rendez-vous possibles avec près de 1130 naturopathes, 660 acuponcteurs non médicaux, 350 phytothérapeutes et 4200 hypnothérapeutes, 250 praticiens de médecine chinoise…  Si ce n’est pas le grand site médical, c’est un site jumeau, ressemblant à s’y méprendre au site médical. Qui informe en tout petit, voire pas du tout, sur la finalité non thérapeutique des prestations.

5. Ce qui aggravera ta confusion, c’est que plusieurs de ces pratiques te seront remboursées

Ben oui, parce que les mutuelles veulent t’attirer chez elles. Et comme elles n’ont aucun volant de régulation sur la prise en charge des soins médicaux, leur seule vitrine d’appel , c’est le sacro-saint bien-être. La encore, si la mutuelle rembourse les consultations chez un ostéopathe, ça rassure, ça laisse penser que ce « praticien » a une formation validée, puisque éligible à une prise en charge. Or, le souci, c’est que c’est inexact. Il y a de nombreuses d’écoles d’ostéopathie, certaines en 3 ans, d’autres en 5 ans, certaines bonnes d’autres mauvaises, et aucune formation en ostéopathie n’est agréé par l’état ou les tutelles.

6. Pour terminer dans le cycle confusant de la médecine naturelle, certains de mes confrères ne sont pas tous très clairs avec ces pratiques non conventionnelles.

Aucun médecin ne rejette les soins d’accompagnement des patients. Ces soins, non médicaux, sont indispensables aux prises en charge des malades et des maladies.

  • Néanmoins, sans prendre de recul, sans disposer eux-mêmes d’informations claires, certains médecins  orientent les patients vers des filières non sécurisées, vers des gens n’ayant pas une formation réglementée, ni diplômante, vers des gens qui ont le droit de faire de l’autopromotion.  Ce faisant, ils donnent du crédit à des personnes non formées correctement en prise en charge de santé. L’exemple le plus voyant actuellement c’est l’orientation beaucoup trop fréquente vers des ostéopathes en maternité. Les pleurs du bébé, les difficultés d’allaitement relèvent de conseils et accompagnement, pas de manipulations de bébé.
  • Non seulement, certains médecins conseillent ces circuits non soignants, mais beaucoup partagent des mêmes cabinets médicaux, des maisons de santé avec des personnes n’ayant aucune appartenance ou compétence médicale. Et bien sur, aucune précision n’est apportée. Tout le monde a la même plaque, de la même couleur, avec la même présentation, afin d’entretenir la confusion du consultant qui pense sincèrement à une authentique prise en charge de soignant puisque c’est dans un lieu de soin médicaux.
  • Même la faculté cautionne. Elle fait entrer ces pratiques légalement en son sein, et assure des formations à des techniques non validées. Même sur des pratiques dont l’intérêt semble montré, comme l’hypnose et la méditation, la faculté ne se préoccupe pas d’ être le vrai garant, et de définir qui peut le faire, à quelle condition, ce que veut dire une formation validée de qualité, garante de sécurité pour les patients. Dommage, car c’est son rôle de faire cela.
  • Certains médecins, souvent des confrères de ma génération, sont soumis à leurs croyances, indépendamment d’une certaine rigueur scientifique, et continuent à soutenir des pratiques d’efficacité jamais démontrée, comme par exemple l’homéopathie ou les vitamines dans le Covid.

En conclusion, cher ami-e- en recherche de bien être, même si tu penses un peu que c’est de notre faute à nous médecins qui ne sommes pas capables de prendre en charge le patient dans sa globalité, faute de temps, de manque de compétence, d’ouverture d’esprit, eh bien, dans ta quête de nature, et de naturel, et d’alternatives à la médecine, tu risques bien de croiser des personnes qui ne relèvent d’aucune réglementation, qui ne sont pas soumis au contrôle d’un ordre professionnel, qui n’ont envers toi, contrairement aux médecins, aucun devoir d’information, et surtout aucun compte à te rendre en cas d’échec.

Idéalement, tu devrais demander que ce soit plus clair pour toi. Parce que c’est non seulement de ton bien-être, mais aussi de ton argent, qu’il s’agit. Toutes les options alternatives sont couteuses, et sans résultat garanti.

Idéalement, aux côtés de médecins motivés pour clarifier ce monde de la pratique alternative de pseudo-soins, tu devrais en tant que patient, te mobiliser pour un accès clair aux pratiques de soins non conventionnelles. Tu devrais demander que soit clarifiés et mieux utilisés les mots médecine, soignant, santé, soins

  • Lorsque la pratique n’a pas apporté scientifiquement la preuve de son efficacité, le terme de médecine est à proscrire.
  • Seul un médecin, ayant les connaissances nécessaires, peut poser le diagnostic d’une maladie.
  •  mettre en place une thérapeutique ne peut se faire sans qu’un diagnostic n’ait été établi. Donc un non soignant ne peut pas proposer une thérapeutique, puisqu’il n’établit pas de diagnostic médical.

https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/attention-aux-risques-des-pratiques-de-soins-non-conventionnelles

2 commentaires sur “Avant de consulter en « médecine » naturelle ou alternative, quelques pistes de réflexion…

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  1. Bonjour,
    Pourquoi utiliser le tutoiement? Dans notre langue, nous tutoyons les enfants, ou les « inférieurs » à une autre époque. Au delà du fond, le choix de cette forme m’interroge. Le sujet est pertinent et devrait être approfondi, en analysant notamment les dérives permises par les décisions institutionnelles.
    Bien confraternellement

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    1. Bravo pour votre jugement hâtif sur la forme et pas sur le fond. Merci de me dire que j’aurais pu approfondir. Votre commentaire est exactement ce qui me fait fuir tant il n’est que critique et n’apporte rien de constructif à la réflexion

      J’aime

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