Un rapport de la cour des comptes cette semaine explique que les routes françaises sont mal entretenues.
Ce rapport de 139 pages pointe : « L’absence d’une véritable politique routière », « l’insuffisance des outils de pilotage et de programmation » et, enfin, « des réformes et des réorganisations nécessaires ».
Plusieurs remarques s’appliquent tout autant à ce rapport qu’à ce qui se passe en santé
- Enfoncement de portes ouvertes. Il suffit d’être automobiliste pour avoir constaté que les routes sont mal entretenues et que leur état se dégrade. Les piétons pourront dire de même à propos de l’état des trottoirs, un rapport est-il en gestation ?
- Une pyramide de gens improductifs ont travaillé à ce rapport depuis leur fauteuil, ils ont d’ailleurs très probablement fait perdre des heures de travail à des gens de terrain qui ont du s’arrêter pour répondre aux questionnaires et cocher des cases.
- Comment un rapport peut-il impacter les réparations des routes ?
Pour réparer une route, il faut des bras « humains ». Or, les bras, que le rapport veut réorganiser, eh bien, ils manquent en fait. Si les gens le peuvent, ils choisissent le métier dans le fauteuil, celui qui explique aux autres comment faire et pas de tenir un marteau-piqueur et mettre les mains dans le bitume brulant. Du coup, sur le terrain, des mains, on n’en a pas assez, et de plus, on n’a ni les moyens d’en former, ni les moyens de les payer. Car l’argent a été dépensé en amont pour rémunérer les rédacteurs dudit rapport qui conclut qu’il faut de l’argent.
Il n’y aurait pas comme une grosse analogie avec la situation en médecine ?
En somme, il y a des bureaucrates payés à établir des faits qui sont évidents pour les acteurs de terrain. Les documents produits disent inlassablement que ça déconne, qu’il faut travailler mieux, faire de la qualité, trouver de l’argent et des gens de terrain pour que ça aille mieux, ce que tout le monde sait déja. Qui peut citer un seul exemple dans lequel l’établissement d’un rapport a résolu les problèmes du terrain ?

C’est une sorte de pensée magique . Des instances décisionnelles sur-empilées concluent inlassablement que ça dysfonctionne, émettent des recommandations, et programmeront des réunions, des concertations, des tas de tableaux pour expliquer qu’il faut travailler mieux, faire de la qualité, trouver de l’argent et des gens de terrain pour que ça aille mieux. Car en effet, on ne répare pas des routes sans argent et sans bras, pas plus qu’on ne soigne des patients avec qualité mais sans ajouter de personnel, voire en mettant en cause la soit-disant responsabilité des bras non extensibles de terrain qui font ce qu’ils peuvent.
Sauf qu’il n’y aura pas plus d’argent, et donc pas plus de gens de terrain, parce que, dans les 2 situations, les routes, comme la santé, comme dans bien d’autres d’ailleurs, les heures de réflexion et de décision de papier sont rémunérées. Une pyramide de bureaucrates dont on n’évoque jamais le cout réel, un cout qui ne participe pas à la production. On paye donc prioritairement les gens qui proposent des économies juste écrites sur un papier. Tous ces rapports apportent de pieuses recommandations, qu’on pourrait souvent qualifier d’enfonçage de portes ouvertes. On n’a jamais vu un rapport d’instance résoudre évidemment la question des ressources en bas, la bas, très loin, sur le terrain, au contact du bitume ou des malades.
Quand par enchantement on donne à la médecine plus d’argent, c’est donc plus d’argent sans mieux d’argent. Pour utiliser un mot maudit, l’argent a un problème de ruissellement. Le plus d’argent donné traverse, en se rognant progressivement, un dédale de bureaucratie, qui utilise ces budgets pour payer des réfléchissants à réfléchir depuis leur fauteuil aux problèmes d’argent des gens de terrain, et à la manière dont ils pourront les contraindre pour améliorer la qualité sans argent supplémentaire, celui-ci ayant déjà été utilisé en amont.
Ou est le pognon de la réorganisation ? Chaque nouvelle instance en ponctionne une partie, et cela ne ruisselle pas jusqu’au terrain, on le constate bien. Et si les économies venaient d’une diminution de la la bureaucratie ?
Votre commentaire