PS: ce blog n’a pas vocation à faire de la politique, et c’est la première fois que j’y exprime une pensée politique. C’est parce que la situation me questionne et surtout me préoccupe après ce premier tour électoral
Je me souviens de l’élection de Mitterrand en 1981.
Mes parents n’étaient pas de gauche.
Alors l’élection d’un président de gauche ne leur convenait pas ! Mais pour autant, cela signifiait seulement des changements non fondamentaux dans leur vie. Ils savaient que la politique n’irait pas dans le sens de leur pensée libérale, ils savaient qu’on allait leur prendre plus d’argent, mais leurs poches étaient suffisamment pleines pour ça, et même si l’idée de ponction financière était un peu piquante, ils n’avaient aucune crainte de discrimination ni pour eux, ni pour leurs enfants, ni pour aucune des personnes qui vivaient en France.
La droite, dit-on communément pour simplifier, donne priorité au libéralisme sur l’égalité, tandis que la gauche donne priorité à l’égalité sur le libéralisme. Mais dans les 2 cas, on reste libres et égaux en droit.
Droite, gauche, plus de vision économique d’un côté, plus de vision sociétale de l’autre. Mais pas de révolution. Une alternance, devenue rituelle pour le pays, une alternance qui a, durant plusieurs décennies obligé la droite a prendre des mesures de gauche en espérant conserver le pouvoir, puis la gauche à faire le jeu de l’économie en espérant à son tour conserver la place reconquise. Au final, droite et gauche ont fini par se ressembler tant qu’on n’a plus réussi à faire la différence avec François Hollande, président de gauche qui a mené une politique de droite. Tant et tant qu’en définitive, un Macron, se disant rassembleur, se disant ni de droite ni de gauche, a été une élégante solution de ne pas décider entre l’un et l’autre. On le constate 5 ans plus tard, ni la droite ni la gauche n’avaient plus en réalité de personnalité. Les 2 groupes se sont dissous dans le temps et la preuve vient d’en sortir dans les urnes. Ces groupes n’existent plus. Ce qu’ils reprochent le plus à EM, c’est d’avoir concrétisé le fait qu’ils ont cessé d’être des entités reconnues et considérées.
Maintenant que la droite et la gauche ne sont plus des lignes politiques lisibles, on se retrouve ce jour à devoir choisir entre un homme du milieu et une femme d’un extrême. C’est alors que commencent les vrais questionnements. Ceux du rapport entre cet extrême et la droite. Pour moi, il n’y en a pas, et toute assimilation de l’extrême droite à la droite serait hasardeuse. En effet, la droite c’était la liberté de marché. L’extrême droite prône l’ordre moral.
L’extrémisme c’est dans l’air du temps. Les réseaux sociaux ont parfaitement démontré durant les crises des dernières années qu’être remarqué (sans pour autant être remarquable) passe forcément par être disruptif, penser différemment, le clamer haut et fort, et s’opposer à ce qui est établi. Entendant ces extrêmes-droitistes clamer haut et fort que faire différent et plus autoritaire est un changement de gouvernance salutaire, certains imaginent t’ils qu’un tel changement de gouvernance va vraiment influencer leur vie de chaque jour ? Comment peuvent t’ils croire qu’un dirigeant les rendra plus aisés, rendra leur travail plus facile, leur permettra de vivre aussi bien qu’ils le rêvent ? Qu’est ce qui amène des gens à être convaincus que ce sera mieux pour eux avec un pouvoir qui veut commencer par des interdits vestimentaires ciblés, puis interdire à des étrangers de travailler, de toucher des aides, qui veut baisser la TVA sur le chauffage, qui veut nationaliser les autoroutes (et les salaires de tous ceux qui y travaillent et deviendraient fonctionnaires ?) et autres changements de cet acabit. Qu’est ce qui fait penser à des gens que l’argent ainsi économisé ira irriguer leurs comptes bancaires débiteurs et changera pour de vrai leur pouvoir d’achat. Et puis, s’arrêter à cette seule interprétation en terme de pouvoir d’achat d’un programme d’extrême droite c’est aussi et surtout omettre une autre vision, celle qui parle aussi d’ordre à maintenir. Des gens qui n’ont pas supporté les interventions policières du temps de Macron et de ses prédécesseurs, imaginent t’ils que l’ordre se maintiendra de lui-même, par enchantement, et sans répression, du temps d’un gouvernant d’extrême droite ? Des gens pensent qu’on les laissera protester dans la rue comme ils en ont toujours eu le droit et la liberté en démocratie ?
Il y a des électeurs qui veulent bien mettre un tel bulletin dans l’urne en se disant que ce serait « juste pour voir ». Pour voir comment cela se passerait dans leur pays avec cette vision différente. Sans s’intéresser à l’histoire. En omettant de se souvenir que policer des gens est finalement simple. Il suffit de demander à leur voisin de le faire et de le féliciter d’être zélé et délateur. Il suffit de contraindre avec suffisamment d’énergie la liberté de s’exprimer pour qu’un pays fier et libre comme le nôtre se voit, comme chez des amis de Mme LP, en Hongrie par exemple, interdire constitutionnellement tout rassemblement et toute manifestation. Qu’est-ce qui conduit des gens à penser que l’extrême droite dont l’ordre est le mot d’ordre, peut maintenir l’ordre de manière « soft », que l’extrême voudrait juste interdire l’expression de religions différentes, continuerait à accepter, par exemple, les sexualités différentes et les manifestations d’opposants ?
Mes parents ne sont plus la pour craindre les impôts supplémentaires d’un président de gauche. Et je regrette ce temps-là. Car le dilemme d’une future prochaine élection est bien entre un président démocrate, dont on ne sait toujours pas s’il est ni de droite ni de gauche, et une présidente qui n’est pas de droite mais d’extrême droite, qui a travaillé à corriger son image, afin de mieux masquer son programme. Entre un démocrate parfois maladroit, qui a fait des erreurs, et a su les reconnaitre, et une femme à laquelle le qualificatif de droite est inadapté, parce qu’elle est largement au-delà de cette droite, elle est d’extrême droite, et cet adjectif change fondamentalement le sens du mot droite….
Tous les programmes ont pour prétention de rendre les gens plus heureux. Mais, si la liberté est notre étendard, certains estiment que le bonheur d’une population ne repose pas forcément sur sa liberté, mais bien plus sur le respect de l’ordre et en particulier d’un certain ordre moral. Et le maintien de l’ordre est rarement compatible avec la liberté d’exprimer ce que l’on pense. …
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