Il est venu le temps des miracologues…….. Une réflexion sur la place de l’art, de la science, du miracle et du charlatan dans la santé d’antan et de maintenant…

Avant, la médecine était un art. Ces dernières années, on prétend de plus en plus qu’elle est une science.

Il semble difficile à franchir, le fossé qui mène l’art médical, celui qui accompagnait sans moyen, sans médicament, sans guérir, à la science, celle qui a permis de guérir des maladies autrefois mortelles notamment par la découverte de médicaments tels les anti-tuberculeux ou les antibiotiques.

Longtemps c’est le miracle de la seule nature qui guérissait certains patients, c’est maintenant la science qui en soigne un grand nombre.  De la science à la science exacte,  il n’y a qu’un petit pas dans l’esprit de certains qui se mettent à imaginer que tout est maintenant guérissable, comme si la science allait produire du miracle en continu.

Quel souci !  non seulement le scientifique n’explique pas tout, mais en plus, hélas, ne guérit pas tout. La science a été utile, elle a permis l’allongement très net de l’espérance de vie et une vie en meilleure santé. Sauf que cette vie plus longue, conjuguée à un changement de mode de vie, a aussi généré de nombreuses pathologies de l’âge et de l’abondance ou des 2.

Plein de gens convaincus que la science pouvait tout guérir sont passés en phase déceptive. La science ne guérit pas toutes les pathologies, la science ne guérit jamais de la mort, même si parfois elle réussit à la retarder.

Dans une période post guerre, 1948, une période peut-être ou l’on voyait l’avenir ensoleillé par les immenses progrès scientifiques, l’OMS s’est risqué à une inatteignable définition de la santé : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

Alors, c’est vrai, la médecine a énormément progressé pour la partie physique du bien-être. Un être humain physiquement en parfait état de fonctionnement n’existera jamais, mais il y a du mieux et de l’entretien et de la réparation régulière grâce à la médecine, c’est incontestable.

En revanche, le bien-être social est une question certainement en grand recul sur l’ensemble de la planète terre, je ne vais pas me risquer à y disserter ici.

Reste le bien-être mental. Le sujet de tant de gens dans une société semblant maltraitante, agressive, incertaine, oppressante, générant du mal-être mental quotidien. Une société ou l’information du monde entier entre par toutes les portes, ou la vie n’est plus tracée de la naissance à la mort par la naissance ou la position sociale,  une société dans laquelle chacun doit chercher et créer ses propres repères.

Il reste un repère dans la santé, c’est cette atteignable définition de 1948. Celle-ci est tellement séduisante, que bien qu’éminemment fausse, on ne l’a jamais modifiée. Quand, dans quels siècle, sous quel régime politique, à quel endroit de la planète terre, les humains ont-ils été mentalement en état de bien-être complet ? Jamais ! Et pourtant,  dans ce monde en perte de repère, en pleine ébullition, la « bonne santé» est devenue la normalité attendue, espérée, voire revendiquée.

Nombreux sont les gens, malades un peu ou malades beaucoup,  qui cèdent à la tentation du miracle.  Ils disposent actuellement d’un choix en expansion dans le supermarché, rayons médecine alternative, médecine douce, thérapies de toutes sortes, et plus récemment: INM, interventions non médicamenteuses. Il y a toutes sortes de miracologies et de miracologistes. En accès libre- mais pas gratuit ! Tous ces produits sont auréolés de titres ronflants attribués par des formations souvent factices, mais auto-proclamées de qualité.

Le rayon miracologie promet le miracle de la manipulation de l’ostéopathe qui remet en place les muscles, voire les organes, écrase les tensions. Voire même qui refait une tête ronde à un bébé, ou lui fait revivre le traumatisme de sa naissance. Il n’est jamais assez tôt pour habituer l’humain au miracle. Egalement, le miracle du naturopathe, qui dit quoi ne pas manger, dope de vitamines, et endort les fatalités à l’huile essentielle. Le miracle de l’énergéticien qui injecte avec ses doigts et sans toucher, de l’électricité invisible pour remettre le moteur en marche. Le miracle de l’acupuncteur, qui pique dans un méridien énergétique pour le réactiver. Le miracle du comprimé homéopathique, qui soigne mais sans médicament. Le miracle du coach qui enseigne en une journée comment supporter toute l’adversité des autres journées. Le miracle de tous méditateurs ou psychoquelquechose qui font faire un gribouillage sur un coin de table pour lire ensuite l’horoscope des vies difficiles et promettre des lendemains enchanteurs à coup de méditations itératives.

Le souci, c’est qu’autrefois c’étaient les médecins qui faisaient les miracles. Enfin, les médecins faisaient croire qu’ils étaient les faiseurs de miracle, ils savaient bien, eux que c’était juste la nature qui guérissait leurs patients. Mais ils avaient le charisme, l’écoute, le temps, tous soins qui accompagnaient le miracle quand les médicaments n’existaient pas. Le souci, c’est que les médecins se contentent maintenant de leur petite science imparfaite, qui ne guérit pas tout, et presque pas les maux de l’âme, et qu’ils se sont tant centrés sur la science et la technicité qu’ils en ont perdu le temps libre pour accompagner.

Le souci c’est que la désertion de la partie miracle par le corps médical n’a pas enlevé cette envie humaine du miracle, et a laissé à d’autre la possibilité de s’en emparer. Bien sur, les miracologues existaient déjà, ils s’appelaient des charlatans, les malades allaient les consulter en connaissance de cause, ou plutôt en désespoir de cause, quand la nature, soutenue par le médecin, n’avait pas apporté le miracle escompté. Mais les charlatans d’aujourd’hui revendiquent une vraie position sociale médicale, ne cessant de clamer que ce qu’ils font est de presque de la médecine et au moins aussi utile, ce qui est inexact. Les charlatans actuels ne veulent pas que l’on dise qu’ils font au mieux du placebo, le nouveau nom scientifique du miracle.

Certes, un médecin ne guérira jamais tous les patients et toutes les maladies. Il reste néanmoins une certitude : un charlatan ne guérira jamais un malade. A la limite, il fera du bien à un bien portant qu’il s’ignore. Un charlatan peut certes faire du bon placebo, semblant alors miraculeux quoi qu’un peu cher, mais c’est la seule place que les charlatans ont toujours occupée et la seule à laquelle ils devraient rester au lieu de se prétendre les bras accompagnants des médecins.

3 commentaires sur “Il est venu le temps des miracologues…….. Une réflexion sur la place de l’art, de la science, du miracle et du charlatan dans la santé d’antan et de maintenant…

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  1. Rien à redire sur cette judicieuse réflexion sinon que mieux vaut un bon charlatan qu’1 mauvais médecin. A titre d’exemple, il suffit de comparer les indéniables bienfaits du placebo aux désastreux méfaits (en effets secondaires) de certaines prescriptions médicamenteuses…

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    1. Rien à redire sur cette judicieuse réflexion sinon que mieux vaut un bon charlatan qu’1 mauvais médecin.=> sauf quand c’est le mauvais médecin qui fait lui-même du charlatanisme ou envoie vers ses charlatans préférés (qui seront forcément moins bons que lui car il ne veut pas être dévalorisé par meilleur que lui !)

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