Pratiques non médicamenteuses … et validation scientifique ?

Suite du post : c’est quoi un traitement scientifiquement validé ?

La science, la science, toujours la science.

Il y a bien une autre manière de voir la santé ? Une approche dite   « non médicamenteuse – INM », ou encore médecine douce, médecine alternative. Pratiquée par quelques médecins ( homéopathie, acupuncture), mais aussi et surtout par des non professionnels de santé.

On dit que ce genre de pratique offrirait une médecine plus complète, plus « holistique » que juste de la médecine de médicaments.

Posons nous la question de la méthodologie garantissant la sécurité et l’efficacité de thérapeutiques non médicamenteuses. Reposent t’elles sur la science ? ou sur des méthodologies de validation alternatives comportant éventuellement des biais ?

• Méthodologie d’affirmation : en ne prenant pas de médicament, les patients échappent totalement aux effets indésirables médicamenteux => en conséquence, des essais cliniques ne sont pas obligatoires..
  • Pourtant, l’absence de médicament peut avoir un véritable effet indésirable: le retard à prendre le médicament efficace

• Méthodologie d’impossibilité méthodologique : comparer un médicament à un non médicament dans un vrai essai clinique serait infaisable, ou comparer une prise en charge alternative à l’absence de prise en charge serait aussi compliqué.
  • Pourtant en psychologie, il y a depuis longtemps des études rigoureuses sur du non médicamenteux.
• Méthodologie de justification: La forte demande des patients prouve l’intérêt de ces pratiques .
  • Pourtant, nombreux sont les exemples prouvant que la demande populaire est fortement influencée par des modes, par du marketing, par la recherche de solutions faciles   
  • Un exemple : la popularité des produits ultra-transformés n’en fait pas des choix bons pour la santé
  • En matière de santé, ce n’est pas aux gens de tester si toute approche qui affirme soigner marche. C’est à ceux qui le proposent de le prouver.
• Méthodologie d’interprétation des résultats d’essais thérapeutiques :
  • Oui, il y a bien quelques essais avec une méthodologie scientifique
  • Cependant, on observe une tendance à une généralisation de la validation d‘une technique alors qu’elle a juste montré une efficacité dans UN essai et sur UN symptôme.
    • Un exemple : quelques essais cliniques sur l’efficacité de l’acupuncture dans le mal de tête, n’en font pas un traitement généralisé pour toutes les douleurs
    • Autre exemple : des études d’amélioration du stress, de l’anxiété avec la méditation existent. Mais elles servent de tremplin pour en introduire une dose dans  tous les programmes non médicamenteux
• Méthodologie d’interprétation de l’efficacité dans les essais thérapeutiques :
  • Oui, certains essais apportent des preuves d’efficacité.
  • Mais la qualité des preuves est trop souvent modérée :
    • Une revue indépendante a fait l’analyse de tous les articles publiés sur les céphalées et conclut que l’efficacité est partielle, et la qualité des preuves modérées (2) 
    • Les résultats négatifs sont souvent ignorés ou non publiés
    • les résultats faiblement positifs (non ou peu statistiquement significatifs) sont trop vite mis en avant comme des preuves formelles.
• Méthodologie de publications:
  • Beaucoup sont faites dans des revues peu fiables sans comité de relecture indépendant, ou dans des revues avec conflit d’intérêt (le comité de rédaction est  impliqué au même titre que l’auteur à la promotion de la thérapeutique proposée

Pourquoi expliquer tout cela ?

Pourquoi se méfier de l’invasion de thérapeutiques alternatives réputées anodines?

Parce qu’il est démontré que les traitement ou les techniques non médicamenteuses, quelles qu’elle soit, validés avec une moindre rigueur scientifique, comportent des dangers (3)

• Les dangers: en voici les principaux
  • Retarder l’accès à un traitement efficace, avec des conséquences parfois graves
  • Trahir les faits, façonner des vérités alternatives : certains patients peuvent être assujettis à des paroles et des croyances dangereuses pour eux, et être conduits à des dépenses financières significatives.  
  • Radicaliser les débats : quand les contradicteurs parlent de science, les promoteurs de pratiques alternatives se tournent vers le populisme et l’appel aux émotions. 

Face à l’étendue des propositions thérapeutiques conventionnelles et non conventionnelles, il est difficile de faire des choix. La seule bonne manière de faire un choix est d’apprendre à faire bon usage d’esprit critique. 

1. https://sante.sorbonne-universite.fr/recherche/liste-des-revues-presumees-non-predatrices 
2. https://www.cochrane.org/fr/CD001218/SYMPT_lacupuncture-pour-la-prevention-des-episodes-migraineux 
3. https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/21/aux-etats-unis-ce-n-est-pas-seulement-la-science-qui-est-menacee-c-est-aussi-le-role-qu-elle-joue-dans-la-democratie_6507878_3232.html