Surprenant de comprendre à quel point les protagonistes de l’affaire n’ont pas varié en 50 ans. En fait, il semble que pas mal de gens en sont restés à ce qui s’est passé au début, à savoir un divorce très conflictuel justifié du fait d’ une maladie avec composante psychiatrique sévère chez le père.
Ma mère avait quitté mon père, avec ses 2 enfants en bas âge. En prenant une telle initiative, quitter un homme malade mais aussi violent et invivable, elle s’est mise en faute pour la famille de mon père. Il a vite trouvé une autre femme. Cette seconde épouse avait une vraie motivation, trouver la sécurité matérielle auprès d’un homme certes malade, mais d’une famille riche.
Banalement, comme c’est le cas, les enfants ont joué le rôle d’otages; de monnaie d’échange entre les 2 familles. Le père étant en tout incapable de gérer quoi que ce fut, la belle mère et toute la famille paternelle prirent le pouvoir. La famille riche a gardé son argent, dont les enfants n’ont jamais bénéficié. Par contre, ils ont été de tous les emmerdements, depuis les échanges d’enfants sur les routes le soir tard, jusqu’aux nombreuses hospitalisations du père malade.
50 ans plus tard, le père vient donc de quitter ce monde. Il a bien mérité le repos, le pauvre père, dans l’état ou il était rendu. Pendant les 50 années, ses enfants ne l’ont jamais laissé tomber, puis ses petits enfants sont venus aussi. Il était comme toujours, passif, et n’a jamais participé vraiment. C’était la maladie qui le rendait indifférent ? parfois on peut en douter. C’était aussi la paresse, la facilité de tout laisser aux autres, de ne prendre aucune responsabilité et de n’avoir aucune initiative, notamment en direction de ses enfants.
Les personnes de l’entourage ont monté un processus relationnel complexe. Dont la finalité princeps reposait sur le caractère totalement inexcusable de la fuite de la première femme. Cette vindicte a été étendue aux enfants. Etant les enfants de la mère, ils ne pouvaient être considérés comme neutres.
Ou l’on s’aperçoit 50 ans après que les convictions n’ont pas changé. Ou l’on entend à de nombreuses reprises les membres de la famille paternelle nous dire: mais si ta mère n’avait pas quitté ton père…. ou l’on s’aperçoit que la deuxième femme de notre père n’a jamais considéré un seul instant que nous fussions autre chose que les enfants de notre mère. Et ne nous a donc pas accordé la moindre affection. Celle qu’elle affichait était une façade destinée à taire sa sécheresse de coeur envers nous.
Ou l’on s’aperçoit 50 ans plus tard, que les enfants que nous avons été, les adultes que nous sommes devenus, ont été les acteurs malgré eux d’une dispute d’adultes. Parents, oncles, tantes, grands parents, ils s’en moquaient tous des ces enfants, trop occupés qu’ils étaient à s’en vouloir, sans se lasser au dela du temps qui passe, des années qui rien n’effacent.
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