Cette malade si frêle, si malade, je vais lui faire une fibroscopie. La voici arrivée au bloc, elle est dans tous ses états. Etats de maladie, mais plus encore état de mal être. Générant en elle et autour d’elle un remous de douleur morale tant elle est hypersensible, tous récepteurs allumés, aux aguets. Chargée de ses expériences du monde hospitalier, pressée d’en raconter au plus vite les histoires, la fois ou l’on a confondue avec une homonyme, la fois ou elle a eu froid, la fois ou, comme aujourd’hui, une partie des papiers administratifs manquait. Chargée de ce cancer impossible à détruire, gavée des chimiothérapies inefficaces, angoissée d’apprendre ce qu’elle pressent déjà : le cancer a continué d’évoluer et la victoire s’éloigne un peu plus d’elle à chaque nausée.
En elle, se concentrent toutes les ondes du monde. La cité, hors les murs, bruisse des remous de l’argent et de la politique. Elle a peut être gagné de l’argent, ou pas. Elle a peut-être fait de la politique, ou pas. Malade, maintenant, elle est désormais la personne la plus importante du monde, le centre de l’onde. Celle qui mérite que l’instant que je lui consacre ne soit centré que sur elle. Pour les quelques instants que nous allons partager, je serai médecin, mais plus encore un humain dans l’humanité. Elle sera, et elle saura qu’elle est, pour ce moment que je consacre à sa santé, la personne la plus importante du monde à mes yeux.
Très vrai, merci pour cette très jolie note.
J’aimeJ’aime
Très émouvant ….Mais pour ma part ,je pense que le cancéreux à bout de souffle et sans espoir devrait pouvoir « partir » …A quoi bon tant d’examens ?
J’aimeJ’aime
Dany, le cancéreux a bout de souffle veut rester encore un peu. Il n’y a jamais « plus d’espoir ». Même une minute de vie gagnée est importante quand elle est souhaitée par le malade et son entourage.
J’aimeJ’aime
Ah, de l’humanité dans ce monde parfois si brut. Cela redonne foi en la Vie !!!
J’aimeJ’aime
c’est la dimension la plus importante de la médecine,
J’aimeJ’aime