Deuxième série de curriculums médicaux.
3- Les médecinophiles: Ce sont aussi des sauveurs. En revanche, leur idée du secourisme est différente de celle des consultophiles. Ce quE veulent sauver les médecinophiles, ce ne sont pas seulement les patients, mais la profession. Ils sont militants, syndicalistes, voire bloggueurs. Les médicophiles sont des Smuristes, capables de sortir de leur bureau, pour aller se confronter, voire affronter le système lui-même. Le sentiment de devoir accompli passe par la sublimation dans l’action au profit de la profession et du système. Etre médecinophile implique un certain état de rébellion, et la conviction de l’impact positif sur le plus grand nombre des actions que l’on met en œuvre. Mais un médecinophile peut aussi être conventionnel, respectueux des lois, et de la tutelle, qu’il tentera alors de concilier avec la profession.
Ceux qui sont convaincus que leurs actions pourront induire un bénéfice pour tous ne sont pas les plus nombreux, mais souvent parmi les plus remarqués. D’ailleurs, certains sont remarquables, et deviennent de grands syndicalistes altruistes, et dévoués à la cause médicale. En revanche, tous ne sont pas forcément totalement altruistes pour autant. Les médicophiles de la ville ne volent pas obligatoirement au secours de la campagne, et réciproquement. Parce que l’esprit de clan reste souvent en filigrane, et peut les conduire à privilégier les intérêts de leur propre corporation.
4- Les évidentophiles : Rassurés par la stabilité du quotidien, ils ont un besoin permanent que rien ne change, et leur sécurité nécessite d’avoir toujours raison sur tout. Sur les méthodes de travail, sur la santé en général, sur le temps, sur les valeurs, le sens de la médecine. Le changement les met en danger, leur donne un sentiment de perte de contrôle, du coup, ils sont arc-boutés à la valeur qui les protège : la conviction d’avoir raison. Ce sont des médecins probablement autoritaires en consultation. Et des médecins qui s’expriment dans les médias. La critique des confrères étant sanctionnée par le conseil de l’ordre, ils critiquent indirectement. Les écrits sont fermes, normalement indiscutables, car l’évidence paralyse leurs démonstrations. Ils affirment, convaincus que leur attitude est forcément la bonne, même si ce sont des choix divergents, tels le refus de pratiquer certains dépistages, de prescrire des génériques, de faire des vaccins. Ce sont les plus prompts à taper sur l’ambulance, dans le style « si on veut des horaires « de bureau », fallait pas faire médecine, et surtout pas devenir généraliste« . Ils consultent sans se demander s’ils aiment, ils ont raison, c’est tout. Ils ne voient pas l’intérêt d’être militant, étant donné qu’ils sont détenteurs des vraies raisons et ont un mal fou à en discuter. Les réponses qu’ils reçoivent représentent à leurs yeux une opposition contrariante à leur irréfutable raisonnement. Ils font souvent partie des répondants de la section commentaires, ou ils trouvent une place de choix pour annoncer leur vraies vérités sur chaque problème. Parfois, ils finissent par se lancer dans l’écriture sous leur propre nom, protégés du fait que les réponses contradictoires sont différées, ce qui laisse leur raisonnement intact à leurs yeux.
Suite … demain !
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