Les médecins et leur curriculum caché (1)…

 

Des pions tous identiques, les médecins ? bien sur que non ! Ils n’ont pas tous les mêmes connaissances, ni une formation unique, pas même une vision commune centrée sur l’amélioration du système de santé.

Quelques points communs se trouvent dans les études longues, et l’acquisition d’une  vraie raison à s’occuper de la santé des autres. Pour autant, ce n’est pas seulement avec leurs seules connaissances médicales que les médecins pratiquent. C’est aussi avec leur cœur, leurs tripes, leurs convictions, et leurs croyances. Les médecins ont un curriculum caché..

 

Cette semaine, je publierai 2 à 3 curriculum médicaux par jour, pour arriver au total de 9. Voici donc les 2 premiers.


1.     1- Les consultophiles: artisans de la médecine, ils voient leur métier à travers la consultation et la prise en charge directe des patients. Les consultophiles sont des persévérants. Ils valorisent à la fois leur métier, et ses compétences. Le travail prend de la place, de plus en plus de place, chez certains une place quasi-exclusive. De  la place en terme de  temps, mais aussi de la place dans la tête.

Les consultophiles ont la conviction que leur métier fait inévitablement d’eux des sauveurs. Grands travailleurs, minutieux, courageux, dévoués, sauveurs, ils sont très occupés par leur métier.  Le triangle de Karpman, ils ne le connaissent pas, et se croient pour toujours à l’abri de la triangulation sauveur/victime/persécuteur.

 

Au fur et à mesure de l’avancée en âge, les consultophiles doivent composer avec leurs motivations, les limites qu’ils se mettent ou ne savent pas se mettre, plus les multiples aléas sur lesquels ils n’ont aucune maitrise, aléas qui viennent éprouver leur résistance dès lors qu’ils s’ajoutent à un temps contraint et un surtravail.

 

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2- Les consultopathes:  Les consultophiles fragilisés peuvent évoluer en consultopathes : Se sentant  un jour dévalorisés dans leur position de sauveur, les consultophiles se réfugient alors dans un statut de victimisation. Le consultophile devient alors consultopathe.  Rien n’est plus assez beau pour lui. Les malades sont trop comme çi, pas assez comme ça, les demandes des patients sont excessives et sans fin, les patients sont agressifs et exigeants,  la vie libérale est dure, les frais trop élevés, les horaires à rallonge, les loisirs impossibles, l’éloignement intenable, les tutelles impitoyables…. La victimisation fait le lit de la désespérance, avant celui du burn-out. Le consultophile découragé trouve petit à petit tous les arguments lui prouvant que rien n’est plus à la hauteur de ses attentes, que la relation d’aide est exigeante, que les critiques incessantes sont injustifiées, que les médecins hospitaliers sont heureux, libres, et ne font rien. Cette pathologie du consultant surdosé, se manifeste par une victimisation répététitive. L’attente permanente de recevoir des égards qu’on lui refuse. Traduisant une intense douleur morale, le consultopathe fatigué trouve qu’on ne lui accorde pas l’audience, la respectabilité morale et financière à laquelle il est en droit de prétendre du fait de son investissement.

 

 

A force de se sentir dévalorisé, le médecin victimisé risque de glisser dans le rôle du persécuteur. Soit il se désintéressera des patients, devenant un médecin robotisé, distribuant les ordonnances et quelques réponses langue de bois. A moins qu’il ne devienne sa propre victime, et chavire dans un vrai burn-out, allant jusqu’au suicide.  Le dévissement de plaque et le passage au salariat constituent dans ce contexte un sursaut pour aller au-devant de nouvelles valeurs, et doivent être salués comme des vraies capacités de se remettre en meilleur accord avec soi-même.  

 

En chaque médecin sommeille un peu de chacune des catégories qui seront citées. Si vous ne vous reconnaissez pas aujourd’hui, ce sera peut être demain. 

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