Stigmatisation : « CMU — droits fermés —- forcer ? »

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N’est-ce pas choquant qu’une carte vitale, par ailleurs si peu informative en matière de santé,  imprime sur certains la marque indélébile d’un  passé révolu. Un passé qu’ils n’ont pas forcément envie  de porter à la connaissance de tout  professionnel de santé rencontré par la suite.


L’ étiquetage du passé s’invite dans la consultation au moment du passage de la carte vitale dans la machine.  Ouverture d’un écran :  « CMU — droits fermés —- forcer ? »


S’ensuit la  question au patient : tiens, vous avez la CMU ? et la réponse : non, je l’ai eue, mais je ne l’ai plus. Et la remarque, justifiée :  C’est toujours marqué ? s’interroge alors, à juste titre le patient.  


Et oui, cher patient, la CMU du passé est toujours marquée sur votre carte vitale. Même si vous en avez bénéficié au moment d’un passage de vie difficile, même si, depuis, vous êtes devenu ministre, président, ou travailleur normal, vous êtes  à jamais affublé de cette étiquette sociétale. Un jour vous avez été bénéficiaire de la CMU, et manifestement la sécurité sociale souhaite qu’on ne l’oublie jamais. Vous pourrez  mettre à jour aussi souvent que nécessaire votre  carte vitale:  vos  enfants en disparaitront illico dès leur 16 ans et 1 jour, vos  droits de 100% s’effaceront dès franchie la date limite, mais il vous  restera toujours : « CMU— droits fermés — forcer ? » .

 

D’ou vient cette grande illogique de laisser figurer cette seule donnée passée sur une carte qui ne comporte par ailleurs aucune information autre que nom, prénom et numéro de sécu ? On imagine de la part de la sécu une sorte de préjugé:   elle penserait, par exemple,  qu’une fois que vous avez  été en CMU,  c’est un peu comme pour la prison… même si vous en sortez, vous avez tant de chances d’y retourner  que mieux vaut ne pas l’effacer ?


Le respect de l’intimitié de la personne est aussi administratif que médical. Au chapitre des petites humiliations répétitives des prises en charge médicales, ce marquage administratif indélébile, à l’instar de la blouse ouverte, ne respecte pas non plus la diginté et la pudeur des patients.     C’est un pur scandale que la seule information pérenne de la carte vitale  soit l’étiquetage discret mais ineffaçable d’une situation passée que le patient n’a pas forcément envie de faire connaitre.« CMU— droits fermés — forcer ? »   

Cette stigmatisation administrative mériterait une pétition..

 » CMU terminée =   CMU effacée de la carte vitale » .

13 commentaires sur “Stigmatisation : « CMU — droits fermés —- forcer ? »

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  1. Il faudra que je vérifie. Moi, c’était pour avoir la Sécu pendant ma reprise d’études infirmières car 34 ans, et pas le droit à la Sécu étudiante passé 30 ans… Seule la CMU me redonnait des droits ! Lamentable effectivement. Merci pour votre article qu’il est toujours un plaisir de lire.

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  2. Si vous proposez votre idée de non « stigmatisation administrative » pour les anciens bénéficiaires de la CMU, faites-le nous savoir, nous irons « soutenir cette idée » sur le site.

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  3. Il y a un moyen simple que ça n’apparaisse pas quand même, merde: consulter sans donner son nom ni sa carte Vitale, et payer sans chercher à se faire rembourser. Avoir eu la CMU, c’est avoir été pris en charge par la collectivité et donc être redevable et lié de façon éternelle à la communauté nationale. 

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  4. Ayant récement cessé mon activité professionnelle et divorcé, je me retrouve case … CMU. Et la découverte de la stigmatisation ! J’ai une situation financière correcte, une mutuelle et pour ne pas se sentir « humiliée » il me reste plus qu’à payer mes consultations de ma poche. Mais comment faire face à des hospitalisations ou interventions plus conséquentes? Pendant mon activité j’ai toujours payé mon dû à la société, sécurité sociale et touti quanti… mais maintenant la CMU me colle à la peau comme une mauvaise expérience. Est-ce normal? Cendrina (médecin franco-brésilien)  

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  5. Bonjour,   Je partage complétement votre point de vue! Je vis actuellement ce passage à vide, en quelques mois, j’ai basculé de l’autre côté. Après l’obtention de mon RSA, j’ai reçue un dossier à compléter pour pouvoir  bénéficier de la CMU. J’ai donc immédiatement jeté ce dossier à la poubelle en pleurant toutes les larmes de mon coprs. Pourquoi?  parce que je refuse la stigmatisation  de manière générale et dans ce cas, certains professionnels de santé. Je ne souhaite pas qu’ils connaissent ma situation, c’est PRIVE. Je  me soigne seule en allant prendre des médicaments en libre accès à la pharmacie et lorsque la douleur est insupportable, je prefere payer pour ne pas me sentir humilée. Après une consultation inévitable, lorsque les pharmaciens me demandent ma complémentaire santé, je fais croire qe je viens juste de résilier ma mutuelle… Pourquoi faire apparaître sur notre cate vitale que nous sommes bénéficaires d’une CMU, CMU-C,  ACS.  

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    1. Je comprends votre réticence à accepter les aides de ce genre, mais en même temps, c’est aussi une force de notre pays de pouvoir aider ceux qui n’ont pas les moyens de se soigner. Si c’est pour un temps, considérez cela comme un coup de pouce qui vous permettra de vous sortir de cette mauvaise passe.

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  6. Bonjour, je suis bénéficiaire de la CMU suite à une séparation qui m’a laissé sans le sous , sans emploi et sans logement . J’ai aussi beaucoup pleurer en remplissant mon dossier de demande de CMU, comme vous Sonia , j’ai eu envie de le jeter à la poubelle et me suis résigner à le compléter car en plus de mon état de déprime , j’étais sous alimenté pour ne pas dire affamer !! une perte de poids alarmante (44 kg) -12 kg en six mois , mon état de santé se dégradé de jour en jour . Je n’ai pas rempli ce dossier dans l’espoir d’avoir accès aux soins , mais en me disant que si je finissais par sombrer définitivement mes enfants n’auraient pas à subir le coût de mon hospitalisation . deux années ont passées , ma situation financière n’est pas plus favorable , mais j’ai repris le goût de vivre et de me soucier un peu plus de ma santé , CMU aidant bien entendu !! Mais je trouve très humiliant quand je consulte d’être stigmatiser de bénéficiaire de la CMU , la réflexion « ah vous êtes bénéficiaire de la CMU ? » dépasse largement la ligne de confidentialité du secrétariat médical pour en faire profiter les aux patients et à chaque fois je suis envahie par ce sentiment de honte . Je me demande à chaque fois s’il faut être sale et mal vêtu pour justifier du droit à la CMU . l’habit ne fait pas le moine , je ne suis ni moine , ni riche , je suis tout simplement une accidentée de la vie qui essai de restée digne face à une société qui pense que la précarité n’arrive qu’aux autres .

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    1. Personnellement, CMU ou pas, pour moi ne change rien à la manière dont je considère les patients. La CMU est une aide que je considère comme indispensable et je suis très contente que cela existe dans notre pays.

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  7. Bonjour,

    Je suis assez choquée de découvrir cette info sur votre blog (et vous remercie de là révéler) et j’aimerais savoir si elle est toujours d’actualité ? Car je m’étonne qu’une telle chose passe, au regard de la CNIL, et qu’aucune association ne se soit déjà emparée du problème.
    Merci !

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