Quel modèle de création de valeur médicale pourrait on utiliser en 2017 afin d’éviter de sombrer encore plus profond dans les polémiques entre médecins, médecine et patients ?
Les patients attendent des médecins énormément de science et de connaissances médicales, mais aussi plein de compétences sociales. Empathie, patience, écoute, entrain et optimisme. Ecrit comme ça, ça tombe sous le sens que tout médecin devrait être ainsi! Mais les patients attendent bien plus des médecins. Disponibilité, rapidité, ponctualité, qualités administratives, prix serrés. En cela, on peut dire qu’ils se comportent la en clients. Et, par exemple, c’est en client qu’ils vont critiquer prochainement les nombreux praticiens qui ne voudront pas se plier aux contraintes du tiers-payant.
Dans la vraie vie, en fait, les médecins sont juste imparfaits. En fait, ils sont à l’image des patients. Les patients arrivent avec un ou des problèmes à résoudre. Stressés burn-outés prompts à râler sur tout détail défectueux, comment peuvent t’ils espérer que le médecin soit totalement zen face à eux ? Pressés burn-outés prompts à taper sur la table (au minimum), comment peuvent t’ils attendre un accueil raffiné aux urgences ?
L’Art de vivre médical à la française…. Je dois dire que je ne pensais pas arriver à la dernière partie de ma vie professionnelle dans cette situation d’incompréhension manifeste entre les médecins et leurs patients.
Les médecins ne seront jamais optimaux, ni adéquats à toute situation. Mais, même s’ils ne sont pas parfaits, est-ce une bonne chose que certains patients utilisent leur propre perspective, souvent à chaud, pour les jeter en pâture sur la voie publique quand ils ressentent un manquement. Twitter cultive les phobes vigilants de toute expression anti-conforme à leurs propres conformités, et s’empare de tout signalement d’une prestation médicale défectueuse pour la buzzer. C’est la loi de l’échelle de ses propres valeurs, et elles sert bien trop souvent à discréditer un ou des médecins. Les journaux locaux font aussi des pages et des gros titres de la moindre illégitimité médicale, au premier chef desquelles on peut citer le départ en retraite sans remplacement. Ne serait-ce pas finalement une nouvelle faute à imputer au médecin, celle de partir en laissant derrière lui le désert ?
Les critiques itératives ne constituent pas forcément de bons supports d’amélioration. Au contraire, elles sont déstabilisantes, génératrices de rejet. A terme, cela ne garantit pas une réaction favorable des principaux concernés, ni une démarche d’amélioration collective. On pourrait même imaginer que c’est une des composantes de l’éloignement de la pratique libérale par les jeunes médecins. S’installer, rendre service, pour qu’on vous trouve trop comme ci, pas assez comme ça, en quelque sorte toujours d’une certaine manière défectueux, n’est pas une option tentante.
Beaucoup de conflits médecins patients naissent de divergences de points de vue, de jalousie, de lutte pour le pouvoir. Entre 2 exigences incompatibles, à laquelle diriez-vous que les médecins doivent se plier? l’exigence des indisciplinés ou celle des ponctuels, qui ne comprennent pas que ce sont les retardataires, les urgences rajoutées et les exigeants qui nuisent à leur demande de ponctualité.
Les patients veulent que les médecins leur fassent confiance, soient leurs partenaires. Mais vous, feriez-vous confiance à des gens qui vous jugent sans interruption et ne vous passent ni la moindre impatience, ni la moindre baisse de vigilance. Et vous, qui avez critiqué un médecin dernièrement, sur la manière dont il vous a reçu, ou dont il vous a soigné, qui arriverez la prochaine fois en consultation chargé de ces émotions négatives implicites, vous pensez que votre interlocuteur ne le ressentira pas ? Vous voulez recevoir des paroles gentilles et des mots d’apaisement de médecins dont vous ne pensez en règle générale pas du bien ? Ah, oui, cher médecin, te voilà chargé d’une nouvelle mission : prouve-moi que j’ai tort de penser en négatif des médecins …
L’étalage de relations conflictuelles entre médecins et patients m’épuise moralement. Comme elle épuise nombre de mes confrères, je crois. Ces conflits naissent d’un manque de communication, de l’absence de définition des rôles de chacun, de manière concertée, pour faciliter la compréhension. Certes, être malade est une faiblesse. Mais avoir la grippe ou une gastroentérite ou une ordonnance en retard est une petite faiblesse qui ne confère pas de droits outranciers. Chacun ne voit ni n’accepte les contraintes des autres. On ne peut pas demander aux médecins d’être sereins quand les malades sont en colère.
Aucun médecin ne demande que l’on dise « oh les pauvres ». Mais tous aimeraient leurs points de vue soient aussi légitimes que ceux des patients. Qu’attend-on en priorité du corps médical ? Science, connaissances médicales, compétences sociales, empathie, patience, écoute, entrain , optimisme, disponibilité, rapidité, ponctualité, qualités administratives, prix serrés. Ce serait bien pour les patients que les médecins puissent retrouver l’idéal qui s’est dilué dans cette multiplicité de demandes et donner un sens, actualisé au 21è siècle, à leur mission de soins. Ce serait bien que les médecins réfléchissent avec les patients. Quelles tâches peut-on et doit-on déléguer? A quels modèles du passé, à quels vieux modèle de fonctionnement, faut-il des 2 côtés renoncer?.
Pour tous, médecins comme patients, mettre en 2017 un peu plus d’indulgence au menu afin de comprendre ce que veulent les uns et les autres et définir une relation gagnant/gagnant. Rappelons ce que disait Einstein : « je suis réellement un homme quand mes sentiments, mes pensées et mes actes n’ont qu’une finalité : celle de la communauté et de son progrès »
Bonjour,
ce que vous évoquez dépasse je pense la simple relation des patients vis à vis des professionnels de santé.
On retrouve en effet les mêmes difficultés dans nombre de professions: les enseignants, les policiers, les pompiers,…. peut être sont-ce d’ailleurs les mêmes qui se comportent comme cela vis à vis de toutes ces professions. C’est ainsi un changement global de comportement que l’on observe notamment vis à vis de tous ceux qui par leur profession sont au service des autres.
Mais vous avez raison, en cette nouvelle année, on peut espérer que des changements se fassent jour!
Bonne soirée/journée.
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Vous avez raison, et dans les métiers que vous listez, la communauté est déstabilisée par la critique et est en position de défense, ce qui n’est pas propice au dialogue constructif…. Hélas !
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