Le travail d’un médecin est comme un iceberg: le plus important est invisible pour les yeux

Bien sur, que le médecins travaillent beaucoup, et n’ont pas le monopole du travail, ni le monopole de beaucoup de travail.

Par contre, ils ont un métier sur lequel beaucoup (trop) de gens ont un avis.

Mais au fait! pour que les donneurs d’avis sur le travail des médecins aient un avis éclairé, ils devraient tenir compte à la fois de ce qui se voit et de ce qui ne voit pas de l’activité d’un praticien.

C’est comme un iceberg, ce métier a une face visible et une face cachée. Ce qui est sous la surface est bien plus important que ce qui se voit.  

Ce que l’on voit de la médecine et des médecins

  • Le tarif de 25 euros
  • Des consultations de MG trop rapides
  • Des retards en consultation
  • Des délais de rendez-vous excessifs chez tous les médecins
  • Des spécialistes inaccessibles
  • Des urgences surchargées et débordées
  • Des médecins pas toujours empathiques
  • Le refus de prendre de nouveaux patients
  • L’impossibilité de trouver un médecin traitant pour beaucoup de patients
  • Le manque de lits d’hospitalisation

Ce que l’on ne voit pas de la profession médicale

Une quantité de travail qui ne s’arrête pas à la fin des consultations.  

  • Des heures de travail qui ne finissent pas avec la fin des consultations : lecture des résultats, rappels des patients, documents à compléter, gestion des visites à domicile
  • En sus des heures de travail : l’obligation de formation continue pour mettre à jour en permanence les connaissances médicales, formation souvent effectuée en plus des temps de travail
  • l’obligation d’obtenir des re-certification pour de nombreuses spécialités techniques
  • L’impossible gestion de toutes les demandes d’être vu en urgence, plus vite
  • L’importance de la paperasserie administrative : certificats de toutes sortes, bons de transport, mais aussi courriers pour les consultations de spécialistes, voire appel des spécialistes pour obtenir des consultations que les patients ne réussissent pas à obtenir
  • de nombreuses consultations pour des certificats inutiles (comme mettre du Mitosyl sur les fesses d’un bébé en crèche ou faire un certif pour faire tout sport, mais aussi de la musique par exemple)
  • De nombreuses consultations pour des arrêts de travail courts pour maladie aigue. Est-ce bien au médecin de faire 3 jours d’arrêt de travail ?
  • L’obligation d’assurer la permanence des soins en plus de l’activité habituelle, sans repos compensateur. Dans certaines régions des réquisitions aléatoires s’il manque des médecins

Une obligation de qualité de chaque instant

  • L’énorme responsabilité de chaque décision médicale, et la crainte du procès ancrée dans l’esprit de tous les médecins
  • La charge mentale liée aux nombreuses prises de décisions impactantes
  • Le manque de temps ne permettant pas de tout gérer en une seule consultation
  • Le manque de temps rendant difficile voire impossible la gestion des détresses sociales
  • Le manque de temps rendant difficile la gestion de  la détresse psychologique
  • Le manque de temps rendant difficile l’accompagnement des fins de vie

Le comportement de certains patients

  • L’agressivité pour obtenir un rendez-vous, elle se comprend mais elle est perturbante pour le médecin aussi
  • Les plaintes quand les médecins sont en retard dans leur horaire
  • Les nombreux rendez-vous non honorés (dits les lapins)
  • Les demandes excessives en consultation, parce que la sécurité sociale rend tout solvable aux yeux de certains patients.
  • La médecine MacDrive, avec les listes de courses considérant le médecin comme un distributeur de prestations

Des nombreuses raisons de stress et en plus 

  • Le flicage par la sécurité sociale, qui se positionne en permanence dans le contrôle des médecins et sur le crédo permanent de la suspicion de fraude de la part des médecins
  • Une profession ayant un taux  de suicide3 fois supérieur à celui de la population générale

Les médecins rendus responsables de la pénurie médicale

  • Une formation de 10 ans très investissante, demandant de  nombreuses heures de travail, pas ou très mal rémunérée, et injustement considérée comme des études payées par l’état, impliquant selon certains une obligation de service à rendre en contrepartie
  • Le sentiment d’être tenus pour responsables d’une pénurie médicale organisée depuis plus de 30 ans, aussi bien libérale que hospitalière
  • La seule profession dans laquelle on compte sur les retraités pour maintenir une offre suffisante, la profession ne reste stable en nombre que parce que de nombreux retraités continuent à exercer
  • Les médecins tenus pour responsables du manque de prévention, de l’absence d’éducation des patients à la santé.
  • Des médecins que l’on n’écoute pas quand ils parlent d’éducation à l’usage du système de soins.  

Des médecins dont on exige qu’ils doivent maintenant pallier à la pénurie médicale

  • Les internes de médecine générale que l’on va mettre comme bouche-trous dans les déserts médicaux pendant une année de fin d’internat pour être une variable d’ajustement du manque de médecins
  • De plus en plus de pressions pour une coercition à l’installation des médecins libéraux

Des idées lancées en l’air et qui font du mal en retombant

  • L’idée communément répandue que si l’on augmente le tarif des consultations de nombreux médecins travailleront moins au lieu d’utiliser les revenus supplémentaires pour embaucher des auxillaires pour les assister
  • L’idée que l’exercice coordonné libère du temps médical, idée qui reste à prouver
  • Le médecin a qui l’on demande d’être responsable de l’organisation des soins, alors même que les places respectives de chaque intervenant dans le système de santé ne sont pas claires
  • L’absence de réflexion sur le transfert de tâches médicales, qui est balancé sans concertation, sans réflexion, sans formation.
  • L’irréalisme de demander aux médecins d’augmenter leur charge de travail pour pallier au manque de médecins

Ou l’on constate donc que la partie cachée de l’iceberg est plus importante que la partie visible

Et ou l’on se rappelle qu’en ces temps de réchauffement climatique, ce qui fond le plus vite, c’est le nombre de médecins en activité. Et ils ne pourront porter le poids de l’iceberg longtemps.

2 commentaires sur “Le travail d’un médecin est comme un iceberg: le plus important est invisible pour les yeux

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  1. Tellememt réaliste cet article.
    Je suis une patiente et je suis consciente de toutes ces contraintes liées à ce métier. J’ai beaucoup de chance d’avoir un MG qui est toujours à l’écoute. Ceci d’autant plus que ,
    de plus en plus les spécialistes délaissent la place de le prévention et l’éducation à la santé pour devenir des techniciens
    de la santé. Pour ma part les consultations chez ces derniers
    varient entre 10 et 15 minutes maximum et laissent leurs patients dans le désarroi total.

    Aimé par 1 personne

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