Ce post s’adresse malheureusement à des gens qui ne le liront pas et à des journalistes qui ne le relayeront pas

J’ai encore bataillé aujourd’hui, en faisant la queue à la boulangerie. On dit « distanciation physique » de 1 mètre. La dame derrière était si près de moi qu’elle a pris mon sac dans la tronche quand je l’ai remis sur mon dos (bon j’avoue, j’ai un peu volontairement amplifié mon geste…). Comme elle râlait, je lui ai rappelé que si elle avait été à 1 mètre de moi, comme convenu actuellement, mon sac ne l’aurait pas effleuré, et mon coronavirus ne serait pas entré dans son nez non masqué quand je me suis retournée pour lui parler … Et qu’elle ne pouvait pas ne pas avoir entendu parler de ces consignes, j’ai nommé masque et distance de 1 mètre, surtout des gens qu’on connait pas.  

Je frémis en croisant tant de gens avec le masque sous le nez. Pas dans la rue, on s’en fout, ainsi qu’indiqué dans mon post précédent, le masque dans la rue ne me semble pas une obligation logique. Mais, en revanche dans les magasins , dans de trop nombreux magasins, et particulièrement ceux d’alimentation, que de masques mal portés, que de masques sous le nez. Pas seulement les clients. Beaucoup de vendeurs, de patrons. Sans parler des bars et des restau ou le masque sous le pif semble la dernière mode… Je comprends, c’est très chiant d’avoir un masque sur le nez toute la journée, mais c’est pourtant le truc qui peut faire barrière à l’échange de gouttelettes possiblement chargées de Coronavirus.

C’est chiatique, cette obligation d’avoir un masque tout le temps. Mais c’est comme ça. On est face à une maladie qui se transmet par ce que l’humain a de plus banal, de plus irréfléchi, de plus indispensable. Sa respiration et l’air qu’il respire et expire, surtout s’il parle.

C’est incroyable qu’arrive un truc pareil. Un truc pour lequel la seule solution d’intransmission est soit l’absence de relation sociale soit la relation masquée et distante.

Ca pose plein de questions. Sur la modernité qui ne sait pas empêcher des maladies pareilles de s’abattre sur la planète. Sur la médecine qui est dépassée. Sur le politique qui ne sait pas comment faire, ni comment dire, parce qu’en fait il ne sait pas et que chaque pays fait politiquement à sa manière, mais sans qu’aucun n’ait trouvé la solution, sinon tous auraient copié vite fait.

C’est insupportable à envisager. Malheureusement, c’est aussi une réalité. Même si tous, nous aimerions que ce soit un rêve, qu’on va se réveiller et que tout sera à nouveau comme dans la vie d’avant. Comme dans notre vie collective d’avant, celle contre laquelle on râlait aussi d’ailleurs !

Cette maladie a envahi nos vies, notre quotidien qu’elle a chamboulé, et la navigation se fait à gué, jour après jour, à coup de chiffres, surtout en assénant quotidiennement un compte implacable des malades et des morts.

Sauf qu’à force d’être menacé du pire, sans cesse, du matin au soir, dans les médias, par les politiciens, par les médecins, par l’hôpital en détresse, les biais cognitifs s’installent dans l’esprit des gens, car c’est humainement une échappatoire . Et cette manière de biaiser les messages reçus rend insensibles aux quelques trucs importants. Ainsi, on voit pas mal de gens développer et étaler sur les réseaux sociaux leurs biais de confirmation. C’est-à-dire qu’ils n’écoutent ou ne lisent que ce qui va dans le sens de leur propre opinion. Par exemple que l’épidémie est finie, ou qu’un médicament interdit pourrait guérir tous les patients, ou qu’on aurait du procéder autrement dès le début. D’autres développent un biais d’optimisme, faisant partie de l’heuristique d’affect qui amplifie l’effet de la perception positive ou négative d’un concept sur la prise de décision. Exemple, pour le coronavirus : la peur. Pour certains, bien nombreux, c’est une sorte d’insensibilité aux messages de danger et aux limites imposées. Pendant que d’autres au contraire n’osent plus sortir de chez eux ni voir personne.

Dans tous les cas, le non-respect des consignes, la poursuite de conduite à risque apparaissent comme un  moyen d’exprimer une souffrance, de se sentir exister et de faire passer le message qu’on en a assez de cette information disparate et des décisions pas assez claires.

Ce qui est terrible, c’est que l’on constate que les gens finissent par douter de données qui sont pourtant dès à présent suffisamment prouvées pour que l’on mette de l’énergie à le faire comprendre. J’y mets donc ma petite énergie, depuis mon petit blog, bien que cette énergie ne soit qu’une petite goutte d’eau dans l’océan d’informations

Ce qui est évident, le seul truc évident, hormis le fait de rester enfermé seul chez soi à ne voir personne, c’est que des moyens de protection ont montré leur efficacité :  les gestes barrières de base, comme le port du masque, la distanciation sociale, et le lavage des mains de manière fréquente.

On manque d’études épidémiologiques qui constituent des arguments de conviction. Car il ne suffit pas de le dire, encore faut t’il le prouver. Cependant, quelques études sont parues et sont assez bien faites, en tous cas suffisantes pour que l’on s’y réfère afin de mieux convaincre les gens de mettre correctement un masque, ne pas le laisser sous le nez, ne pas l’enlever quand ils parlent avec des gens proches.  

Par exemple, cette revue de la littérature, résumée dans l’excellent site Bibliovid :

https://bibliovid.org/physical-distancing-face-masks-and-eye-protection-to-prevent-person-to-person-tr-649

Les résultats de cette revue systématique avec méta-analyse ont montré :

  • qu’une distance de 1 mètre au minimum réduisait le risque d’infection à coronavirus d’au moins 4 fois et le risque diminue d’autant plus que la distance augmente
  • que l’utilisation de masques, même grand public, réduisait d’un facteur 7 le risque d’infection et ce d’autant plus s’il est utilisé dans le contexte du soin ou si un masque FFP2 est utilisé
  • que l’utilisation de protection oculaire réduisait d’un facteur 4 le risque d’infection (et même un autre article dit que les porteurs de lunettes seraient plus protégés)

Ou encore, cette autre étude, démontrant largement l’intérêt de ces mesures : Ann Intern Med, 17 septembre 2020, rapportée dans l’extraordinaire lettre hebdomadaire du Pr Adnet, merci à lui, son travail est fabuleux. https://www.esanum.fr/today/posts/covid-19-la-newsletter-du-pr-adnet-n20-22-septembre

  • Le facteur de risque le plus important est la proximité (distance inférieure à 2 mètres) et la durée du contact.
  • Le deuxième facteur de risque est l’absence d’aération (milieu confiné).
  • Le port du masque a démontré son efficacité sans ambiguïté.

Journalistes, cessez de nous bombarder de chiffres qui éreintent, voire insensibilisent. Intéressez vous aux études des clusters. Aux modes de contaminations. Expliquez aux gens pourquoi on leur demande de respecter ces sécurités, et pourquoi on a raison à mille pour cent de le demander.

Le public, ce qu’il veut, c’est un message clair. Car actuellement, il y a trop d’incohérence dans les messages. Incohérence par exemple entre l’obligation du port de masque en entreprise et la prédominance des clusters en entreprise, justement. Ou et comment se contamine t’on dans l’entreprise, alors? masques mal portés, ou occasions d’être trop proches et sans masques au moment du repas ou de la pause café ? Incohérences aussi entre les amphi étudiants bondés et le fait que l’on dise les clusters étudiants issus de soirées et non des heures de cours.  Incompréhension de voir des restau et bars fermés à 22 heures, comme si le virus partait se coucher à une heure précise … On aimerait savoir ce que l’on risque à voir ses enfants à plus d’un mètre et sans les embrasser, ce qui est tout de même mieux que de ne pas les voir.

Le message est pourtant clair

Le coronavirus est la,

Non ce n’est pas un rêve dont on se réveillera débarrassé demain matin

Non, on n’a pas encore de traitement efficace à 100%

Non, on n’a pas encore de vaccin

Oui, on connait des petits moyens bien ennuyeux mais efficaces pour éviter la transmission : protéger à la fois soi-même et les autres en portant un masque qui recouvre bien tous les tuyaux de sortie, c’est-à-dire bouche et nez, et aussi en restant éloignés physiquement les uns des autres, et enfin, en se lavant les mains régulièrement.

Journalistes, twittos, ne relayez pas ce texte, ni ces consignes, c’est bien moins marquant que d’annoncer avec délectation que le nombre de morts a dépassé le million et que les hôpitaux sont débordés.

7 commentaires sur “Ce post s’adresse malheureusement à des gens qui ne le liront pas et à des journalistes qui ne le relayeront pas

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  1. Merci pour ce message de bon sens !
    Ce qui interroge aussi : pourquoi quatre fois moins de morts du Covid chez notre voisin allemand ?
    Bien confraternellement.
    Jean-Michel Delaroche

    Voir absolument l’interview de Gaël Giraud dans Thinkerview+++

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  2. Pourquoi voir Thinkerview ce repaire de complotistes dont la quasi totalité baigne dans déni ?!!
    Sinon mille fois merci pour ces infos, et pour le coup du sac 👍😁 et surtout bon courage pour la suite à vous et à vos collègues !

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  3. Ahhh (cri de soulagement poussé avec le masque…) que ça fait du bien de vous lire ! Du coup, je me sens moins seul quand je râle face à tant d’incohérence dans cette lutte contre le COVID 19.

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