Pénurie de médecins: des chiffres qui parlent d’eux mêmes

Évolution du numerus clausus annuel en médecine depuis 1972numérus clausus courbe

Avant 1972, il n’y avait pas de limitation du nombre de médecins formés. Il suffisait d’avoir la moyenne à l’examen de première année pour entrer dans les études de médecine. Comme il y avait progressivement trop de médecins en exercice, en 1972, un numerus clausus a été instauré, limitant le nombre de praticiens reçus en seconde année.

Les médecins ayant passé le concours de première année en 1972  sont actuellement âgés d’environ la soixantaine, entre 60 et 62 ans.  8588 médecins ont été admis en seconde année de médecine en 1972. Jusqu’en 1978, il y a toujours eu plus de 8000 médecins admis.

Dans les années 80, de grands penseurs, économistes et autres personnes bien plus intelligentes que nous ont eu une idée lumineuse. Persuadés que « plus il y avait de médecins, plus il y avait d’activité médicale » (l’offre créant selon eux la demande), ils ont décidé que réduire le nombre de médecins était la solution. L’équation leur apparaissait simplissime. Moins de médecins = moins de malades.

A partir de ce moment, ils ont commencé à baisser le numerus clausus, d’abord progressivement, puis drastiquement.

Et donc, 10 ans plus tard , un médecin passant le concours de première année en 1982  faisait partie des 6409 médecins admis en seconde année de médecine. Ce médecin a aujourd’hui la cinquantaine. 

Encore 10 ans de plus, et toujours en baisse. On est en en 1992, et seuls 3750 médecins sont maintenant admis en seconde année de médecine. Et même  encore un peu moins l’année suivante, 1993, cohorte la plus basse en matière de formation de médecins, avec 3500 médecins admis.

Ensuite, on est resté dans des nombres d’admis très faibles. En effet, durant 9 ans, de 1992 à 2000, moins de 4000 médecins ont été formés chaque année.

Et les gens super plus intelligents que nous, qui avaient inventé ce concept, de se frotter les mains. Cela allait enfin marcher. Moins de médecins, ouf, donc moins de patients, donc moins de dépenses de santé.

Les lanceurs d’alerte, les médecins, les patients, commençaient néanmoins à réaliser qu’il y allait peut-être avoir comme un manque. Qu’en matière de santé, non, ce n’était finalement pas l’offre qui augmentait la demande. Ils voyaient bien que la demande continuait à progresser alors que l’offre commençait discrètement à se restreindre. Ils réussirent à convaincre. Mais lentement. Il a fallu attendre 2001 pour que le nombre de médecins formés repasse au-dessus de 4000 par an. En 2002 , 4750 médecins ont été admis en seconde année. Ces médecins de 2002 ont maintenant autour  de la trentaine.  C’est dans cette génération que se trouve le vivier des jeunes médecins pressentis pour s’installer, en remplacement des générations en âge de prendre la retraite ou de lever un peu le pied, car fatiguée  par les années de travail intense.

Seulement, la réaction d’augmentation du numérus clausus a été bien trop tardive. A l’heure actuelle,   mathématiquement la situation est une impasse préoccupante pour les patients que nous sommes tous potentiellement.

Simple : les trentenaires, ceux qui sont en âge de s’installer sont 4000 par an. Les soixantenaires, qui sont en âge de s’arrêter sont 8000 chaque année. 

La répartition des médecins sur cette pyramide des âges datée de 2015 ci-dessous  illustre la situation. Il me semble qu’il n’y a guère besoin de beaucoup d’explications. Le graphique rend évidente l’asymétrie entre les vieux médecins, bien plus nombreux à être proches de partir et les jeunes susceptibles de les remplacer. La formation des si inquiétants « déserts » médicaux est ainsi facile à percevoir.  52444 médecins de plus de 60 ans à échanger contre 34465 médecins de moins de 40 ans ou même peut-être seulement contre les vrais remplaçants potentiels, ceux de moins de 34 ans, qui ne sont que 15757. 

Pyramide des âges des médecins 2015pyramide âges 2017

 

Cet autre tableau ci-dessous illustre nettement le changement de pyramide des âges des médecins. Il compare la pyramide des âges de 1990 à celle de 2015. Le dessin de 1990 correspond à une pyramide des âges normale, avec plus de jeunes que de vieux, assurant le renouvellement des générations. Le changement est incroyable et surtout explique bien les difficultés (pour ne pas dire le désastre) annoncées. On comprend en un coup d’œil pourquoi on manque déjà de médecins, et pourquoi le phénomène va s’accentuer irrémédiablement. Dans toutes les populations, une pyramide dont la base est plus étroite que le sommet est une pyramide qui ne tient pas debout.

Comparaison entre la pyramide des âges des médecins 1990 et 2015médecins 1990-2015

La situation actuelle, comme la pyramide, ne peut donc pas être d’aplomb. Pour que les jeunes générations remplacent progressivement les plus âgées, la courbe devrait avoir la forme inverse. C’est-à-dire qu’en gros 3500 à 4000 médecins nouveaux par an ne pourront assurer le même volume de travail que les 8000 qui vont s’arrêter chaque année. 

Le drame qui se prépare est encore plus aigu quand on regarde le nombre de généralistes potentiellement disponibles (tableau de 2015) . Le manque de jeunes saute aux yeux….  il y a 23850 médecins généralistes de plus de 60 ans pour … 6219 moins de 34 ans, les seuls à pouvoir s’installer dans les prochaines années (ceux de 35-39 ont déjà leur vie et leur voie professionnelle pour la majorité d’entre eux). Soit le remplacement d’un généraliste sur 4… 

Pyramide des âges des généralistes en 2015.ob_1280ef_2015-pyramide-des-ages-des-généralistes 2015

Mathématiquement, le problème semble véritablement insoluble. Et le pire, c’est que c’est véritablement insoluble. Et le pire encore, c’est que ce n’est pas expliqué aux patients. Cela restait encore cachable tant que les générations pléthoriques des années antérieures à 1980 étaient toujours en exercice, l’arbre des vieux masquant le peu de racines des jeunes. Maintenant que les médecins âgés aspirent à prendre leur retraite légitime,  le déficit se fait chaque jour un peu plus évident.  

Ceux qui laissent croire que rien n’a changé, sont les mêmes que ceux qui n’ont pas anticipé cette situation et l’impasse dans laquelle ils nous ont mené. 

Ceux qui vous laissent croire que vous allez trouver un généraliste comme avant parce qu’ils ont des solutions miracles, soyez assurés qu’ils se foutent de votre gueule. Ils savent parfaitement l’ampleur du désastre. Ils font comme s’ils allaient trouver une solution pérenne. Ils continuent à laisser penser aux gens qu’ils pourront continuer le train-train d’avant, et avoir un médecin disponible et dévoué, comme du temps ou l’on ne se posait pas cette question. C’est faux, pour les 10 prochaines années en tous cas.

Ceux qui laissent croire que rien n’a changé ouvrent des maisons médicales, et à coup de grands articles de presse vous annoncent triomphalement l’arrivée d’un ou plusieurs médecins.  Tout faire pour attirer les médecins est une bonne chose, encore faut-il avoir des médecins à attirer. Parce que trouver un médecin à l’heure actuelle, c’est comme pêcher dans un étang autrefois poissonneux dans lequel une bombe est tombée. Ce ne sont pas quelques médecins étrangers non fidélisables qui vont colmater les brèches.

Ceux qui laissent croire que rien n’a changé imaginent des solutions pour séduire les médecins senior, afin qu’ils prolongent leur vie professionnelle, ou même acceptent de revenir sur le terrain après leur retraite, au nom de leur dévouement (fierté à Laval, un centre médical avec des retraités). C’est fort. Qui accepterait que l’on fasse cela dans d’autres métiers ?

Mais, ne soyez pas dupes. Tout cela relève d’un replâtrage superficiel, consistant juste à gagner un peu de temps, à masquer l’inéluctable manque de médecins pour les 10 prochaines années .  Pour boucher les trous, on s’organise aussi pour utiliser les jeunes médecins en formation, en les mettant au service des patients et en consultation le plus tôt possible dans leur cursus.

Mais, néanmoins, le colmatage des brèches n’évitera pas le déficit incroyable de l’offre médicale dans les 10 années à venir. Et, pourtant,  on continue à promettre aux patients que rien ne va changer dans leur manière d’accéder aux soins. Quel mensonge éhonté ! On ferait bien mieux de réfléchir à comment gérer cette situation, plutôt que de laisser perdurer l’idée que rien n’a changé, et que des médecins seront toujours disponibles comme par le passé. 

D’ores et déjà, dans beaucoup d’endroits, l’installation d’un médecin est si compliquée et si longue, qu’elle mérite un article de la presse locale vantant la chance, voire le miracle d’en avoir trouvé un qui accepte. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas venir, les médecins, c’est qu’il y a moins de 1 généraliste disponible à l’installation pour 4 qui s’arrêtent. 

Donc, petit à petit, les patients et les médecins vont devoir s’adapter à la pénurie. Comment ?  Ce post ne le dit pas, même si l’auteur a quelques idées… 

 

 

 

 

 

 

22 commentaires sur “Pénurie de médecins: des chiffres qui parlent d’eux mêmes

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    1. Au vu des chiffres, ce sera tellement ingérable que les médecins seuls ne pourront pas gérer. Il faudra que les patients s’y mettent aussi, en changeant leurs habitudes de tout tout de suite quand je ressens le besoin et si je veux

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    2. Le drame second est qu’à 10 minutes par personne, les vieux comme les jeunes médecins s’enfoncent dans l’incompétence. Que d’erreurs de diagnostic ! Que d’erreurs de prescriptions !

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  1. Bonjour,
    Ben oui, c’est pas moi, c’est les autres, les méchants énarques, les méchants économistes, les méchants politiciens.
    Y a-t-il eu beaucoup de médecins qui se sont opposés au numerus clausus dans les années 80 ? Y a-t-il eu beaucoup de médecins qui se sont opposés au Mica qui permettait la retraite anticipée dans les années 90 ?
    Il est faux de dire que l’on manque de médecins généralistes. On manque de médecins généralistes qui s’installent comme médecins généralistes libéraux. C’est la question essentielle (bien entendu le problème d’effectif de certaines spécialités médicales est criant) et c’est une question sociétale qui ne sera pas réglée par l’augmentation du nombre de médecins formés (et par qui ? d’ailleurs).
    La médecine a changé et personne ne s’en est rendu compte.
    Dans ta spécialité, la gastro-entérologie, quelle part du CA représentent les colofibroscopies ?
    En pneumologie quelle part du CA représente le suivi des patients présentant une apnée du sommeil ?
    Pour en revenir à la pénurie de médecins, il s’agit surtout d’un excès de médecine ou plutôt un excès de promesses concernant les possibilités de la médecine et notamment dans le cadre de consultations non médicales…
    Mais comme je vais prendre ma retraite en juin 2018, je ferais mieux de me taire.
    Merci pour tous ces chiffres que notre collègue Xavier Tarpin nous ressasse depuis 15 ans et qui n’ont pas fait bouger les choses.
    Bonne journée.

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    1. Je pensais comme toi jusqu’à ce que je regarde vraiment ces chiffres en face .
      Il y a ce que l’on veut faire croire : que les médecins ne veulent pas s’installer. Mais en réalité, aucun médecin formé ne fait pas de médecine. Ils en font tous. Même si c’est plus tard qu’ils se fixent vraiment. Le VRAI problème, c’est qu’il y a 1 médecin en âge de s’installer, quand 4 partent.
      Déja les vieux ont bien trop de travail, alors on imagine facilement l’emploi du temps d’un jeune qui remplace 4 départs. Il ferait du 24/24. Or, l’aspiration des jeunes médecins est de vivre une vie normale.
      Le vrai problème n’est pas que les jeunes ne s’installent pas. C’est qu’il n’y aura de toute manières pas de remplacement 1 pour 1 mais 1 pour 4.
      La seule solution, tu as raison, va consister à démédicaliser les gens. Ce dont personne ne parle, parce que ce n’est pas démago.

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    2. Les énarques, les économistes, les politiciens, c’est quand même leur métier d’administrer la santé. Le corps médical était à l’époque pour un numérus clausus, mais pas pour sa réduction telle qu’elle a été conduite. Il y a même eu si je me souviens bien des mouvements de protestation contre cette réduction.
      Nous avons au niveau de notre pratique une responsabilité (pour laquelle on s’assure d’ailleurs). Les décideurs eux sont depuis longtemps passés à autre chose sans conséquence pour leur carrière puisque les dommages se mesurent 20 ou 30 ans plus tard …

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    3. Bonne journée est devenu une fin de commentaire qui, le plus souvent, indique une vive contrariété, en somme ça remplace « merde ! » Ou bien  » allez au diable ». Et quand on atteint le  » je vous souhaite une bonne fin d’après midi » on n’est pas loin de l’invective !

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  2. La solution consiste a l’ubérisation de la profession. Je m’explique. La Commission européenne pond chaque année la feuille de route politique et économique de chaque membre de l’Union européenne et concernant la fiance, il est écrit ceci : » éliminer les obstacles à l’activité dans le secteur des services, en particulier dans les services aux entreprises et les professions réglementées ; prendre des mesures pour simplifier les programmes publics d’innovation et en améliorer l’efficacité ; d’ici à la fin de l’année 2016, approfondir la réforme des critères de taille réglementaires qui freinent la croissance des entreprises et continuer à simplifier les règles administratives, fiscales et comptables en poursuivant le programme de simplification ». Ce qui permettra à des médecins de la zone euro de venir s’installer et exercer sur le territoire français en proposant une tarification libéralisé. Je ne demande à personne ici de me croire sur parole, mais faite l’effort d’aller vous renseigner sur les GOPÉ ( les Grandes Orientations Politique et Économique )

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  3. S’il y a une crise médicale démographique incontestable , il y a aussi une crise grave de la médecine libérale qui ne mobilise plus les jeunes .
    En 1975 , 9 thesés sur 10 s’installaient en libéral , aujourd’hui 1 sur 10.
    Il faut redonner aux jeunes l’envie de s’installer en diminuant les charges , en les aidant matériellement , en aidant les aînés à les accueillir dans leur structure , en réévaluant les actes à leur juste valeur pour éviter la multiplication des actes inutiles , en encadrant les excès tarifaires aussi , en contrôlant les installations inutiles dans des zones déjà surmédicalisées .
    Il faudrait qu’on arrête de contraindre les médecins à de plus en plus de démarches administratives , à vouloir imposer un tiers payant irréalisable et irresponsable , à imposer des mesures drastiques d’accessibilité qui détruisent les cabinets médicaux existants . Il faudrait aussi permettre aux libéraux de retrouver des activités hospitalières dans l’intérêt des 2 secteurs.
    Il n’y avait pas plus de médecins libéraux en 70 et cela fonctionnait assez bien .

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    1. quelques remarques:
      -moins de médecins formés qu’en 1972 et une population qui a cependant augmentée .et qui est nettement plus exigeante en soins ,parfois trop dans l’immediateté
      -seuls 10% des médecins formés à l’etranger ont la moyenne a l’examen classant …
      pourquoi ne pas le faire dans nos facs!!!
      -les non européens ont assuré pendant 20 ans à des prix defiant toute concurrence (FFI)les carences hospitalieres .
      il ya quand meme un probleme …
      et ce n’est pas en creant des maisons médicales (à gerer par le liberal ,avec des contrainte de rendement ..)que cela ameliorera la situation ;seuls s’y installeront les naturopathes ,ostéopathes ,masseurs bien etre ……
      et personnellement (desolée marion ) jamais je ne pourrai faire de la telemedecine en me passant du contact visuel ,de l’echange gestuel ,du cadre .
      bonne journée à tous

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      1. Tout à fait d’accord sur l’inutilité des maisons médicales. La seule option est de faire travailler au max les médecins en libéral, car ils font plus d’heures, plus de faire venir le + possible de médecins formés hors France + de mettre le plus tôt possible les étudiants au boulot. On mettra donc les étudiants en médecine à consulter dans les maisons médicales, tandis qu’on fera tout pour inciter les libéraux à rester au dela de l’âge de la retraite et à travailler le plus d’heures possibles et à prendre le moins de vacances possible
        Mon gros problème concernant ce commentaire: je me demande qui est sb…. (mp pour me dire ?)

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    2. Il n’y avait pas plus de médecins libéraux en 70 ? je n’en sais rien. Mais il y avait 10 millions de français en moins et la demande de soins n’était pas ce qu’elle est maintenant.
      Il faut cesser d’accuser les jeunes de tous les défauts. Comment avoir envie de s’installer quand c’est pour bosser sans horaires, pour n’avoir pas la considération de ceux auxquels on sacrifie son temps et son énergie, en un mot juste pour rendre service à des gens et des politiques qui trouveront toujours ça normal.

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  4. S’il y a une crise médicale démographique incontestable , il y a aussi une crise grave de la médecine libérale qui ne mobilise plus les jeunes .
    En 1975 , 9 thesés sur 10 s’installaient en libéral , aujourd’hui 1 sur 10.
    Il faut redonner aux jeunes l’envie de s’installer en diminuant les charges , en les aidant matériellement , en aidant les aînés à les accueillir dans leur structure , en réévaluant les actes à leur juste valeur pour éviter la multiplication des actes inutiles , en encadrant les excès tarifaires aussi , en contrôlant les installations inutiles dans des zones déjà surmédicalisées .
    Il faudrait qu’on arrête de contraindre les médecins à de plus en plus de démarches administratives , à vouloir imposer un tiers payant irréalisable et irresponsable , à imposer des mesures drastiques d’accessibilité qui détruisent les cabinets médicaux existants . Il faudrait aussi permettre aux libéraux de retrouver des activités hospitalières dans l’intérêt des 2 secteurs.
    Il n’y avait pas plus de médecins libéraux en 70 et cela fonctionnait assez bien .

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  5. Re bonjour.
    Que d’inexactitudes dans les commentaires !
    Dire que la médecine générale a changé est vrai et dire que c’était mieux avant est un mensonge.
    Quand je me suis installé en 1979, j’ai dû avoir un emploi salarié mi-temps pour y arriver. Je faisais 10 C par jour. Et pendant au moins 5 ans. Et j’avais un associé super.
    Les « collègues » ne voulaient pas me donner de gardes, le conseil de l’ordre m’avait dissuadé de m’installer. Les clientèles s’achetaient et parfois fort cher et, en 1981, les taux d’emprunt étaient à 16 %
    On faisait énormément de visites. Pour rien. Mais c’était comme ça. Il fallait vivre.
    Je suis passé brutalement de 12 visites par jour à 2 en 2003. Par volonté personnelle.
    Nous n’avions pas été formés à la médecine générale par la Faculté qui s’en moquait.
    Nous n’avions aucune information objective sur les médicaments.
    Nous étions livrés à nous-mêmes, pas d’informatique, et cetera. Alors, de grâce, c’est plus facile aujourd’hui.
    C’est, je le répète, la sociologie qui a changé.

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    1. Bonjour,
      Votre commentaire me fait remonter en mémoire plein de souvenirs.

      Mon activité libérale a débuté (en 1986) par des remplacements de médecins généralistes. Le nombre de médecins avait augmenté fortement en quelques années. Si les anciens médecins prenaient des remplaçants pendant leur vacances, c’était à la fois pour assurer le suivi des patients et pour éviter que leurs collègues ne leur « prennent » des patients.
      Vous avez parfaitement raison, la faculté ne nous avaient absolument pas formé à la médecine générale. Cette formation, je l’ai faite tout seul pendant mes 3 années de remplacement.
      Pendant les premières années qui ont suivi mon installation, c’est grâce au salaire de ma femme que nous avons pu survivre….
      Le confrère qui établissait le tableau de garde annuel a refusé de me donner des gardes lors de la 1ère année.

      Au cours des années 90, certains patients ont de plus en plus abusé de l’abondance de médecins :
      – appel de 3 ou 4 médecins pour avoir 1 RDV dans la 1/2 heure qui suit (idem pour les visites à domicile)
      – exigence de RDV entre 12h et 14h ou le samedi après-midi (idem pour les visites à domicile)
      – demandes de bilan radiologiques ou biologiques excessives
      – changement immédiat de médecin si celui-ci refusait 1 demande injustifiée du patient
      – etc, etc, etc

      Au cours des années 2000, nous avons eu 2 événements marquant:
      – l’arrivée de la CMU
      – la grève des gardes de novembre 2001 à mai 2002 : le médecin de garde n’acceptait plus que les vraies urgences et toutes les semi-urgences étaient renvoyées sur l’hôpital. Les autres médecins ont cessé les visites à domicile le soir et branchaient leur répondeur téléphonique vers 18h 30. Nous avons alors découvert que nous pouvions rentrer beaucoup plus tôt le soir et, la grève ayant duré 6 mois, nous n’avons pas voulu changer cette habitude de ne plus faire de visite le soir.
      A noter qu’après mai 2002, la visite a domicile avait été correctement revalorisée à condition de baisser le nombre de visite de 25 ou 30%. A la grande surprise de la sécu le nombre de visite a diminué de plus de 75%.

      Pour conclure ce commentaire :
      – effectivement une sévère pénurie de médecins est inévitable, mais il est illusoire que nos responsables politiques interviennent tant qu’il n’y aura pas eu de crise sanitaire….
      – effectivement les patients devront changer leur comportement …. gros chantier en perspective….
      – une différence de taille entre les médecins de plus de 55 ans et la génération qui obtient actuellement son diplôme : nous étions presque tous ignorants des difficultés qui nous attendaient, par contre la nouvelle génération de médecins est parfaitement au courant de ce qui l’attend si elle s’installe.

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  6. Bonne journée est devenu une fin de commentaire qui, le plus souvent, indique une vive contrariété, en somme ça remplace « merde ! » Ou bien  » allez au diable ». Et quand on atteint le  » je vous souhaite une bonne fin d’après midi » on n’est pas loin de l’invective !

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