Deuxième chapitre du post consacré aux homéopathes. Pour le premier chapitre voir ici
II- Formation des homéopathes
Pour faire une spécialité en France, il faut effectuer un internat spécialisé d’au moins 4 ans, voire maintenant 5 ans dans beaucoup de spécialités.
La formation d’un médecin souhaitant devenir homéopathe est très différente de celle d’un médecin spécialiste.
Formations pour devenir homéopathe
Les facultés de médecine n’enseignent pas l’homéopathie dans le cursus médical et ne délivrent dans ce domaine aucun diplôme. La raison : on ne peut pas former à la faculté des médecins sur une pratique non reconnue scientifiquement.
Un médecin souhaitant exercer l’homéopathie peut passer un DU (diplôme universitaire) ou DIU (diplôme inter-universitaire). Mais cela ne constitue pas une obligation, aucun diplôme n’étant exigé par le Conseil de l’ordre pour justifier l’orientation en homeopathie.
Plusieurs DU ou DIU sont enseignés dans une quinzaine de facultés de médecine et de pharmacie hors circuit licence-master-doctorat: Bordeaux, Limoges, Poitiers, Aix-Marseille, Lyon, Besançon, Paris (Bobigny) et Lille pour les plus connus.
Une seule université se différencie par le caractère universitaire de sa formation : la faculté de médecine de Bobigny.
Les particularités de l’enseignement de l’homéopathie y sont l’approfondissement des concepts homéopathiques et leurs répercussions dans les pratiques cliniques, la compréhension de la matière médicale homéopathique à travers la connaissance de la souche du remède homéopathique et la Médecine Traditionnelle chinoise ainsi que l’acquisition de l’utilisation approfondie du répertoire homéopathique.
L’argumentaire de cette formation à Bobigny est le suivant : L’impact sur la diminution de la iatrogénie, grâce à une approche à la fois globale et individualisée est l’argument principal pour que ce DU d’Homéopathie qui se déroule dans le cadre de la FMC de la Faculté de Médecine de Bobigny, soit reconnu comme formation validante du DPC en se référant sur le référentiel homéopathique élaboré avec le soutien de l’UNAFORMEC, reconnu par la HAS
Durée de la formation
La durée de formation à l’homéopathie est variable. Voici 2 exemples de durée de formation en homéopathie:
- un DU peut être de cet ordre : Rythme : 11 journées de 7 h 30 + 1 journée de visite de site de production
- Ou de celui-ci : Début des cours : Octobre Fin des cours : Juin Enseignement théorique : 90 heures Dont enseignement pratique (travail individuel de préparation des cours, d’exercice de répertorisations, révisions de la matière médicale homéopathique et résolution de cas cliniques) : 80 heures
A qui s’adressent les formations ?
Elle ne s’adresse pas qu’aux médecins. Vétérinaires admis partout semble t’il, non professionnels de santé comme des ostéopathes dans certains cours
- Du de Nantes : Professionnels titulaires de diplômes d’Etat de Docteur en Pharmacie, Médecine, Odontologie, Vétérinaire, Sage-Femme
- Du Paris Descartes: Pharmaciens, médecins, vétérinaires, sages-femmes, dentistes diplômés, Préparateurs en pharmacie, Autres professionnels de santé : sélection sur dossier de candidature
- DU Paris 13 Bobigny : Docteurs en Médecine français et étrangers – Pharmaciens, Chirurgiens-dentistes , Sages-femmes, Vétérinaires (DE) , Infirmières , Ostéopathes (DE) . Condition d’accès : – Sur dossier – entretien selon le contenu du dossier – Avoir le niveau Bac + 3
Prix de la formation
Bien que dans les locaux des facultés, la formation n’est pas purement universitaire et elle n’est pas gratuite.
- DU de Strasbourg : contribution financière des étudiants, de 1 890 euros pour l’année universitaire 2017/ 2018, la formation accueille chaque année 20 étudiants.
- Du de Nantes : 1 652,10 €
- DIU Homéopathie Paris Descartes scfc.parisdescartes.fr Frais de formation* : – Avec prise en charge : 1300 € – Sans prise en charge : 1300 € – Internes : 650 €
- + Frais de dossier* : 300 €
- Du de Bobigny:
- Les frais de formation pour 2018/2019, sont de : Formation initiale : 390 euros Formation continue : 1 300 euros + Les droits d’usagers s’élevant à environ 261.1 euros (tarif définitif en juillet 2018)
Indépendance de la formation
Indépendance Par rapport à l’industrie
Il semble exister une vraie porosité entre labos pharmaceutiques, enseignants universitaires et praticiens. Vous rétorquerez que ce sont souvent les laboratoires pharmaceutiques qui sponsorisent les formations médicales, et vous aurez raison, mais les laboratoires sponsorisent les FMC, pas les DU. Et de plus, en matière d’homéopathie il semble que l’implication d’un seul laboratoire, B, tienne une large place dans les formations.
Déja, le laboratoire B possède deux centres de formation : le Centre d’enseignement et de développement de l’homéopathie (CEDH), à destination des médecins souhaitant se former à cette discipline, et le Centre de formation en homéopathie (CDFH), pour les pharmaciens.
Contrairement à ce qui est actuellement attendu en matière de transparence et de lien d’intérêt, aucune des deux structures n’affiche ses liens avec l’entreprise B sur la page d’accueil de son site internet. Le CDFH est pourtant hébergé directement dans les locaux de B à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône).
D’autres centres à destination des professionnels de santé proposent des formations à l’homéopathie. Certaines de ces structures sont regroupées au sein de la Fédération française des sociétés d’homéopathie. Cette fédération se revendique totalement indépendante, cependant les enquêtes noteraient qu’elle a reçu 1,075 million d’euros de « dons de fonctionnement » de la part d’un unique laboratoire homéopathique entre 2013 et 2018, argent qui serait seulement un « coup de pouce financier »
Liens d’intérêts des enseignants
Des intervenants du laboratoire B sont présents dans beaucoup de DU et DIU sauf celui de Bobigny et de Lille 2 (dont le cursus a été récemment suspendu en raison du contexte de critiques contre l’homéopathie)
De même,la faculté de médecine de Limoges a, décidé de lever toute ambiguïté. Jusqu’en 2016, B sponsorisait en quelque sorte le diplôme en versant une subvention, De 2013 à 2018, la Faculté de pharmacie de Limoges a reçu 25 000 € expliquait le doyen de la faculté. Après avoir fait le choix de l’autofinancement et de la totale liberté, la formation a dû instaurer un seuil d’étudiants minimum, pour des raisons économiques. Mais, faute de demande suffisante, son diplôme n’a plus été délivré depuis deux ans.
Indépendance Par rapport aux facultés
B investit parfois pour « aider » les facultés. Depuis 2011, l’un des amphithéâtres de l’université Lyon-1 est baptisé Amphi B, après que le laboratoire en a financé la rénovation à hauteur de 50%. Mr B, directeur général du labo, est (ou était?) d’ailleurs membre du conseil de la faculté à titre de personnalité extérieure, membres du conseil désignés à titre personnel. Il donne aussi le cours dédié à l’homéopathie.
Ces constatations d’indépendance un peu limite, ont alimenté les réflexions ordinales et amené une commission ordinale à souhaiter qu’un enseignement hospitalo-universitaire structuré et reconnu, à la fois théorique et pratique, soit proposé – de préférence sous forme de DIU. Par ce moyen, le CNOM pourrait enfin s’assurer de la qualité de la formation du médecin homéopathe. Et de l’indépendance de la formation.
Merci pour ces précisions sur l’enseignement universitaire sur l’homéopathie… J’ai eu cependant plusieurs témoignages d’étudiants ou anciens étudiants en médecine à qui on a présenté les principes de l’homéopathie pendant leur cursus, et je ne crois pas que ce soit dans le cadre d’un DU. Est-ce que ça pourrait être un cours optionnel… ou des enseignants qui sont aussi homéopathes et insèrent ça quand-même dans leurs cours ?
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